En ce début d’année, une intéressante discussion sur Twitter et un événement annoncé par Apple prochainement m’incitent à mettre en mot mes attentes face aux futurs manuels scolaires numériques.
D’entrée de jeu, comme enseignant de sciences, je dois dire que je n’ai jamais été un fervent des livres scolaires et des cahiers d’exercices. Pendant plusieurs de mes années d’enseignement, j’ai eu la chance de faire le pont avec mes élèves de la 1re et la 2e secondaire et donc de cheminer avec eux pendant 2 ans pour atteindre les objectifs fixés par les programmes. Dans ce cadre, j’ai développé l’ensemble de mon matériel pédagogique composé presque exclusivement de projets multidisciplinaires intégrant et mobilisant les nouvelles technologies. Projets que j’ai convertis en SAÉ (situation d’apprentissage et d’évaluation) lors du renouveau pédagogique.
L’an passé, lors du congrès de l’AQUOPS, je me suis donné comme défi d’animer un atelier composé de SAÉ pouvant être réalisées exclusivement sur un iPad. Avec une équipe d’enseignants dynamiques, nous avons mis la main à la pâte afin de concevoir ce type de matériel pédagogique à l’aide du logiciel Pages. Plusieurs de ces SAÉ ont été vécues avec des élèves dans un contexte de classe régulière. Derrière cette idée se cachait la vision du cartable tout numérique pouvant éventuellement contenir du matériel pédagogique incluant à la fois des notions théoriques, des espaces pour conserver les traces des élèves, du contenu interactif et possiblement collaboratif. Bref, on est loin de ce que plusieurs maisons d’éditions de livres scolaires proposent actuellement et qui ne sont parfois que les mêmes contenus papiers qui ont été numérisés (PDF ou ePub). Certaines maisons d’édition proposent des contenus en ligne, mais rien qui correspond vraiment à quelque chose d’innovateur permettant à l’élève d’interagir facilement avec le contenu ou de l’enrichir. Le format ePub offre de belles possibilités, permettant même à des enseignants de produire facilement du matériel de référence ou leurs notes de cours pour les partager avec leurs élèves. Par contre l’utilisateur ne peut rien y ajouter, ni en modifier le contenu.
La popularité des déploiements des tablettes numériques dans les écoles et les nombreux projets d’une tablette par élève devrait donc ouvrir la porte à un autre type de manuel scolaire, plus dynamique s’adaptant même à l’élève. Je me demande par contre si les maisons d’édition partagent cette vision et si elles sont prêtes à revoir le modèle actuel du manuel scolaire ? Je me demande aussi s’ils disposent de l’expertise pour arriver à innover dans ce secteur ? Reste le financement de ce genre de produit, surtout dans une province comme la nôtre où le marché est restreint. Par contre, des manuels ainsi modifiés et personnalisés par les élèves nécessiteraient un achat annuel, et donc potentiellement une source de revenus récurrents pour les maisons d’édition à l’image des cahiers d’exercices.
Comme je le mentionnais sur Twitter lors d’échanges avec @remolino et @marioasselin, «Je commence à croire que les manuels scolaires numériques seront produits par d’autres entreprises que les maisons d’édition.» D’ici là, nous verrons bien ce qu’Apple présentera, qui aurait dit il y a quelques années qu’ils s’aventureraient dans la musique ou la téléphonie ? Feront-ils maintenant le saut dans l’élaboration d’outils ou d’interfaces pouvant révolutionner l’interaction avec les contenus pédagogiques.
À suivre
Sébastien Stasse
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