Et bien c’est fait, Apple a dévoilé ce jeudi un nouveau format de livre numérique en ciblant particulièrement le marché éducationnel. Plusieurs réactions se sont déjà fait entendre, ici et là. Voici donc quelques-unes de mes réflexions sur ces annonces.
Nouveau format.
Depuis l’arrivée des iPad il y a 2 ans, le rêve du cartable numérique devient tout à coup une réalité. Pour utiliser toute la puissance des tablettes, les manuels numériques ne doivent cependant pas être le simple transfert numérique des manuels papiers actuellement disponibles. Comme je le mentionnais dans un récent billet, les manuels numériques doivent évoluer vers d’autres formats que le PDF qui n’offre que très peu d’interactivité de la part de l’utilisateur. Il faut donc pouvoir disposer d’un format numérique permettant l’interaction avec différentes ressources multimédias, mais offrant aussi la possibilité à l’utilisateur d’en bonifier le contenu. Or avant l’annonce d’Apple, l’un des seuls formats permettant une touche d’interactivité était le format ePub. Outre une interactivité limitée, le principal problème de ce format demeurait le manque de latitude quant à la mise en page. Apple propose donc maintenant un nouveau format : le «.iba», un savant mélange de format ePub 3, de plug-in multimédia et de HTML 5 (la prochaine révision majeure du format de données conçu pour représenter les pages web) (Wikipédia)
Production
Apple propose donc un nouveau logiciel gratuit pour produire ces livres nouveaux genres : le iBooks Author. À l’image de la suite iWork, le logiciel est convivial et d’une simplicité désarmante ! Très intuitif, comportant quelques modèles de base, il permet en quelques cliques de mettre en forme un livre multimédia aux allures professionnelles. À l’image de son nom, Apple met entre les mains de tous la possibilité de devenir auteur.
Publication
Les règles entourant la publication de ce format (License) se font connaître peu à peu. Apple semble vouloir réserver exclusivement ce format au iPad puisque seule l’application iBooks 2 sera en mesure de lire le format en question. La diffusion gratuite des «livres» pourra se faire sans restriction par un simple site Web où le livre pourra être téléchargé. Pour les versions payantes, il semblerait que la diffusion ne pourra se faire qu’au travers du iBooks Store d’Apple, le même concept que pour les applications vendues sur le AppStore. Apple garde 30% du produit des ventes, ce qui garanti à l’auteur un cachet de loin supérieur à celui offert par la plupart des maisons d’édition.
Et après …
L’arrivée d’un nouveau format était évidemment incontournable pour arriver à introduire une plus grande touche d’interactivité dans le monde de l’édition numérique. J’avoue rester un peu sur ma faim quant à l’interactivité proposée qui, entre autres, exclut totalement les réseaux sociaux, le travail collaboratif et l’ajout de contenu multimédia (enregistrement de la voix ou le dépôt d’une image par le « lecteur »). D’autre part, quelques fonctions, dont l’annotation et le soulignement, étaient déjà présentes dans le format ePub.
Bien entendu, on peut critiquer la façon dont Apple souhaite gérer le format, l’exclusivité pour le iPad et la diffusion du contenu payant, mais au-delà de ces aspects, il n’en demeure pas moins que l’idée d’offrir un support à l’industrie de la publication de livres (incluant les manuels scolaires) est très intéressante et audacieuse. Industrie qui, faute de l’expertise ou de moyens financiers, ne serait probablement jamais arrivée à s’entendre sur un format commun. Il faut d’ailleurs souligner que depuis l’arrivée des tablettes, l’industrie de l’édition scolaire n’a pas semblé comprendre l’énorme potentiel de ces outils. Outre quelques initiatives créatives, la réponse de cette industrie a été à l’image d’un effet diligence : transférer en format électronique une partie des ouvrages actuels sans en changer la facture ou le concept. Apple propose donc un «contenant» susceptible de devenir la norme. Trois grandes maisons de publications ont déjà joint les rangs de ce nouveau format, malgré les règles de partage des revenus imposées par Apple.
Outre les maisons d’édition, le logiciel iBooks Author ouvre la porte à tous les auteurs qui souhaitent produire leur propre matériel de façon simple et rapide, gratuite ou payante. On peut donc aisément imaginer qu’un enseignant ou un professeur d’université produise ses notes de cours à l’aide de iBooks Author et les rendent disponibles à la vente sur le iBooks Store sans aucun autre intermédiaire. Apple devient donc éditeur, de quoi ébranler l’industrie du livre, surtout si on regarde l’immense succès commercial du iTunes Store et du App Store.
Finalement, les élèves déjà habitués à produire des documents ePub se réjouiront des possibilités qu’offre maintenant le logiciel pour la création de livres multimédias numériques.
L’avenir nous dira si des maisons d’éditions d’ici se lanceront dans l’aventure … ce qui est encourageant, c’est qu’on dispose maintenant d’un modèle de support intéressant qui rend le cartable numérique encore un peu plus réel !
Sébastien Stasse
C’est effectivement un outil performant, facile d’utilisation et avec beaucoup de potentiel que nous propose Apple. Voici un plus pour les auteurs. Les critiques quant au format exclusif sont à valables et pertinentes. Les autres plates-formes peuvent aussi proposer leurs solutions. Ce monde de l’édition offre à tous des possibilités immenses. Une fois de plus, Apple manifeste son leadership.
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Il faudra voir ce qu’Apple permet également avec l’App iTunes U qui ajoute des éléments de collaboration entre enseignants et élèves et qui permet maintenant aux écoles du K-12 (Kindergarden-12th grade) d’y participer. Plus collaboratif ainsi? Faudra voir…
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