La dernière fois où j’ai vraiment étudié …

Tranche de vie.

À l’hiver 2015, j’obtenais mon niveau 2 de l’Alliance des moniteurs de ski du Canada (AMSC) suite à 5 jours de stage, dont 2 journées d’évaluation.  Je ne me souvenais pas que de se retrouver en « séance » d’évaluation pouvait me rendre aussi nerveux et stressé. Vous vous souvenez ? Mal dormir, sentir une boule dans son estomac, avoir peur d’oublier un élément important, relire nos notes et finalement douter de sa capacité à réussir. Après quelques recherches, je me suis rendu compte que ma dernière expérience d’évaluation nécessitant la passation d’un examen datait de … l’hiver 1995, date de mon dernier cours au baccalauréat. Il y avait vingt ans !

J’ai pourtant complété une maîtrise en éducation depuis ce temps, de même qu’un certificat en plus d’être certifié formateur en éducation pour Apple. Mais tout ça, sans avoir à « passer » d’examen, mais plutôt en démontrant les compétences et connaissances attendues ou maîtrisées à l’aide de travaux, de productions et donc de traces.

Compétences, habiletés et ski

Parlant de traces, revenons au ski !  L’AMSC comporte 4 niveaux de qualification pour les moniteurs permettant à chaque fois de perfectionner les habiletés d’enseignement et la compréhension de la technique du ski. La grande majorité des moniteurs de ski au Canada sont de niveau 1 ce qui est suffisant pour l’enseignement aux débutants puisque, selon le directeur de l’école de ski d’une station connue, environ 80 % de sa clientèle qui suit des cours de ski a moins de 12 ans et est de niveau débutant ou intermédiaire.

Ce qui est très intéressant et ce qui m’amène à lier ce sujet à l’éducation, c’est à la fois l’approche pédagogique et la structure de la technique qui sont à la base de la méthodologie du ski de l’AMSC. Ici, on se base sur un enseignement centré sur l’élève et évidemment sur le développement de compétences et d’habiletés !

Les trois compétences de base :

  1. Adopter une position centrée mobile sur les skis
  2. Effectuer les virages en se servant du bas du corps
  3. S’équilibrer sur les carres

Cinq habiletés

  1. Position et équilibre
  2. Pivotement
  3. Mise à carres
  4. Dosage des pressions
  5. Coordination et synchronisme

Quel est l’intérêt de vous partager ces informations, outre le fait de vous démontrer que j’ai bien appris mes leçons, et bien c’est que pour mon « examen » j’étais évalué sur 2 éléments bien précis. Le premier, ma maîtrise de la technique même du ski et ma capacité à le démontrer au niveau expert. Le second, ma capacité à enseigner une leçon à un groupe de quatre skieurs selon l’approche de l’AMSC que je vous décris ici.

Plan de leçon selon l’AMSC

  1. Situer l’élève
  2. Choisir le terrain
  3. Analyser l’élève en fonction des compétences de base
  4. Identifier une habileté à développer et choisir une stratégie
  5. Évaluer le progrès
  6. Utiliser la pratique guidée

Ce qui m’insécurisait le plus du stage était, paradoxalement, la partie enseignement!  En effet, dans ce cas-ci, contrairement à ce dont j’ai toujours eu l’habitude dans ma carrière d’enseignant, je ne connaissais pas à l’avance de façon précise les compétences de mes skieurs et je ne pouvais donc pas vraiment « préparer une leçon passe-partout ». De plus, les 4 skieurs à qui j’allais devoir enseigner avaient  tous des niveaux de compétences différents et ils étaient eux aussi aussi bons, sinon meilleurs que moi puisqu’il s’agissait d’élèves du groupe qui faisaient le stage pour obtenir le même niveau que moi. Pour en ajouter un peu plus, tous les élèves en question étaient déjà moniteurs de ski dans une station.

Faire apprendre et enseigner

Enseigner le ski  c’est donc évaluer chaque élève individuellement lors d’une première descente, cibler une compétence puis une habileté à travailler et commune au groupe, adapter la stratégie (ou l’exercice) que l’on utilisera pour atteindre notre but pour chaque élève, évaluer les résultats et s’ajuster tout au long de la leçon. Vous comprendrez qu’il faut un bon « coffre à outils » d’exercices de tout genre dans lequel piger pour atteindre cet objectif. Bien sûr, je n’enseigne pas à 32 élèves en même temps, mais cette approche me semble bien coller à une démarche très centrée sur l’élève la grande tendance en matière de système scolaire du futur.   On y met l’emphase sur l’importance :

  1. d’une évaluation préalable permettant de situer l’élève
  2. d’une posture d’observateur et d’analyste de la part de l’enseignant
  3. d’un constant questionnement de la meilleure stratégie à adopter
  4. d’un défi et d’un progrès à la mesure de chaque élève favorisant sa motivation
  5. d’un accompagnement ciblé pour guider l’élève

Le développement de compétences passe, idéalement, par ces étapes, peu importe ce qui est enseigné. Pour le ski,  un simple coup d’oeil permet d’évaluer rapidement un élève, ce qui est beaucoup moins évident dans le cas de compétences disciplinaires de tout un groupe, qui demandent parfois la passation d’épreuves diagnostiques. Mais pour le reste, le tout me semble facilement transférable dans une perspective où l’on souhaite faire apprendre plutôt que simplement enseigner une leçon ou une technique.

Sébastien Stasse

 

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