Il est très intéressant de lire les commentaires des premiers utilisateurs de l’Apple Watch et surtout de faire un parallèle avec l’arrivée des iPad il y a à peine 5 ans.
À l’époque, les spécialistes avaient conclu que le nouveau concept de Apple n’était pas un ordinateur et qu’il manquait bien des choses à cet appareil. J’avais commis un billet de blogue sur ce sujet « iPad, et si l’on voyait plus loin » en février 2010 pour tenter d’évaluer la portée technologique et l’impact pédagogique de l’outil. Avec plus de 10 versions différentes du produit depuis 5 ans, l’utilité de la tablette n’est aujourd’hui plus un sujet de discussion. Apple avait donc vu juste. De plus, son utilisation dans le milieu de l’éducation a définitivement contribué à donner un second souffle à la mobilisation des technologies en enseignement. Filmer, photographier, créer, partager, la tablette réussie mieux que jamais à mettre la technologie au service de la pédagogie. Pour le grand public, son usage est entré dans les mœurs au point où j’ai même acheté à mon père de 88 ans un iPad Air qu’il utilise sans pourtant n’avoir jamais eu d’intérêt à utiliser d’ordinateur. Les chiffres indiquent maintenant sans surprise que la vente de tablettes dépasse celle des ordinateurs. Mais qu’en sera-t-il pour la Apple Watch?
L’Apple Watch d’abord en trois prises…
Dans un premier temps, j’avoue avoir été déçu de l’objet lui-même présenté par Tim Cook lors de la Keynote de septembre 2014. Ça ressemble et ça se porte comme une montre et pour être bien certain que la référence à l’horlogerie soit complète, on a même pris soin d’y inclure une molette reproduisant une montre classique. On est loin d’un nouvel objet, surtout que je ne porte plus de montre (sauf un iPod shuffle à l’occasion) depuis que j’ai mon cellulaire avec moi de façon permanente! Deuxièmement, pour bénéficier de toute la puissante de l’objet il faut minimalement un iPhone 5. La Apple Watch n’est donc, pour le moment, qu’un (autre) périphérique Bluetooth et non un appareil autonome. Troisièmement le prix. Une entrée de gamme à 450 $, surtout en tenant compte qu’on doit déjà avoir un iPhone compatible, la question de l’utilité, au-delà du bijou, devient donc incontournable.
Le concept Apple Watch, un autre grand chelem d’Apple?
Au-delà de ce que j’appellerai ces trois premières appréhensions, regardons le concept en lui-même. Ce qui fera la force de cet appareil, ce sont en bonne partie les applications et donc les développeurs, tout comme ç’a été le cas pour le iPhone et le iPad. Deuxième élément important, c’est la capacité de l’appareil à capter différents signes vitaux ou différentes données sur l’utilisateur (déplacement, habitudes, etc.). Il s’agit définitivement de la voie de l’avenir : contribuer au Big Data de façon presque transparente et obtenir des données personnelles instantanées. On peut donc s’attendre a ce que les prochaines versions proposent des capteurs améliorés qui ouvriront peut-être la voie vers des usages intéressants. Troisièmement, un pas de plus dans l’ère connectée où l’ensemble des notifications, des rappels et donc de notre « vie numérique » ne sera plus à portée de téléphone (qu’il faut sortir pour consulter), mais bien à porté de poignet, accessible en un mouvement… pour le meilleur et pour le pire. À mon avis c’est cet élément qui fera le plus grand succès de l’objet et qui a le potentiel de redéfinir notre rapport à notre vie numérique en la rendant encore plus « accessible », comme si c’était possible.
Il va donc de soi que, contrairement au iPhone ou iPad moins discrets, Apple s’assure que ce « wearable » fera la fierté de son utilisateur en le rendant hautement personnalisable. Du jamais vu chez Apple qui devra jongler avec une variété de modèles et de bracelets. Associer un objet connecté à une image de luxe est donc la voie adoptée jusqu’au bout par Apple : entre 450 $ et 15 000 $… pour un périphérique du type montre connectée de première génération!
Une visite au Apple Store pour voir l’objet de plus près m’a convaincu de l’approche d’Apple. En 15 minutes, le vendeur qui m’était attitré n’a jamais mentionné les fonctions de la montre outre le fait que les capteurs devaient être en contact permanent avec la peau. J’ai donc essayé des montres, avec différents bracelets, soupesé le poids, échangé sur mon style (!!!), compris la facilité déconcertante de changer les bracelets et constaté que le modèle en stainless était vraiment beau. En sortant du magasin, j’ai même reçu un courriel des modèles essayés. Pas un mot sur l’utilité de l’objet, mais j’avoue ne pas voir moi-même abordé le sujet avec le vendeur (ou plutôt le conseiller!!!). J’en conclu que quand on est rendu à l’essayer, Apple prend pour acquis qu’on n’a plus besoin d’un pitch de vente sur son utilité.
Un objet au potentiel pédagogique ?
Et la pédagogie dans tout ça? Bien peu pour le moment, puisque la montre semble plutôt d’abord vouée à la notification de messages et à la collecte de données personnelles qui n’ont, à première vue, que peu d’utilité pour l’apprentissage, si ce n’est que d’en faire des graphiques à analyser. Certainement un grand potentiel pour des fonctions possibles d’aide à l’écriture, de dictée vocale ou de traduction à portée de doigt. Reste finalement l’aspect utilitaire de l’objet dans des fonctions de rappel de calendrier, d’échanges et de partages de données. Mais on comprendra qu’un objet aussi « personnel » limite la possibilité de le partager. Contrairement au iPad, on est donc loin du chariot de montres connectées… du moins pour le moment ! Mais je vous assure que les Apple Watch seront tout de même présentes dans nos écoles dans les prochaines semaines … au poignet de certains élèves et du personnel.
La mienne est commandée … mais pas celle en stainless 😉 … À suivre !
Sébastien Stasse