Présentation sur le livre numérique au congrès de la CEP

Voici donc les liens vers les ressources présentées lors de ma conférence au congrès de la Commission des Écoles Primaires de la FEEP le 11 octobre 2013.

Présentation sur slideshare

Le livre numérique : Mirage ou réalité 

Références

Introduction du livre (vidéo)

Print Is Still the Dominant Format for Canadians, Says New BookNet Canada Study

Association of American Publishers

Comptes Twitter de @gillesherman et @remolino (Clément Laberge)

Entrepôt numérique du Québec

Projet Gutenberg

Bibliothèque et Archives nationales du Québec — BAnQ

BiblioTECH de San Antonio 

Saccades oculaires, lecture en contexte numérique et plaisir de lire (André Roux)

Collège Sainte-Anne de Lachine

Khan Academy

 

iBooks Author

Exemple de SAÉ produite en version iBooks

Livres iBooks à la maternelle

 

 Un orchestre sans partition papier ?

La très délicate question de la propriété intellectuelle du matériel produit par les enseignants

À l’heure des Khan Academy, des classes inversées, des cours sur iTunes U et même de la possibilité pour un enseignant de publier son matériel pédagogique et d’en recevoir un revenu, à qui appartiennent donc réellement les contenus mis en ligne par des enseignants en fonction ? La plate-forme du iBooks Store d’Apple (pour ne nommer que celle-ci), consacrée à la diffusion de livres, à ouvert la porte à la publication directe de contenu sans avoir à passer par un éditeur. À l’aide d’un logiciel gratuit et relativement simple d’utilisation (iBooks Author), tout auteur peut aujourd’hui produire du contenu sous forme de livre multimédia et procéder à sa diffusion via l’iBooks
store d’Apple. Il est possible de le diffuser le livre gratuitement ou encore d’en demander un prix et ainsi de générer des revenus. Il est donc très facile pour un enseignant, par exemple, de diffuser une situation d’évaluation et d’apprentissage qu’il aura conçue dans le cadre de son travail. De plus, la démocratisation de l’internet par le phénomène du Web 2.0 et le caractère social qui entoure maintenant ce réseau rendent le partage de contenu simple et naturel. Ainsi, au grand plaisir de plusieurs enseignants, on assiste à la prolifération de matériel pédagogique produit par des praticiens et disponible au grand public, hors des traditionnels portails institutionnels privés. La diffusion de ce matériel sur des serveurs hors institutions pose donc la question non pas de la paternité des contenus, mais bien de leur propriété.

Voici des articles généraux à ce sujet. Ces articles sont d’ordre public, ils s’appliquent donc au-delà de toute convention collective. Le Code civil du Québec ne mentionne pas de façon directe la propriété intellectuelle du travail produit par un salarié, mais oblige ce dernier à agir avec loyauté face à son employeur.

  • 2085. Le contrat de travail est celui par lequel une personne, le salarié, s’oblige, pour un temps limité et moyennant rémunération à effectuer un travail sous la direction ou le contrôle d’une autre personne, l’employeur.
  • 2088. Le salarié, outre qu’il est tenu d’exécuter son travail avec prudence et diligence, doit agir avec loyauté et ne pas faire usage de l’information à caractère
    confidentiel qu’il obtient dans l’exécution ou à l’occasion de son travail. Ces obligations survivent pendant un délai raisonnable après cessation du contrat, et survivent en tout temps lorsque l’information réfère à la réputation et à la vie privée d’autrui.

Par contre, la Loi sur le droit d’auteur est très claire puisqu’elle stipule que c’est l’employeur qui demeure le propriétaire, à moins d’entente particulière, de l’oeuvre exécutée dans l’exercice de l’emploi.

  • 13. (1) Sous réserve des autres dispositions de la présente loi, l’auteur d’une oeuvre est le premier titulaire du droit d’auteur sur cette oeuvre.
  • (3) Lorsque l’auteur est employé par une autre personne en vertu d’un contrat de louage de service ou d’apprentissage, et que l’oeuvre est exécutée dans l’exercice de cet emploi, l’employeur est, à moins de stipulation contraire, le premier titulaire du droit d’auteur ; mais lorsque l’oeuvre est un article
    ou une autre contribution, à un journal, à une revue ou à un périodique du même genre, l’auteur, en l’absence de convention contraire, est réputé posséder le droit d’interdire la publication de cette oeuvre ailleurs que dans un journal, une revue ou un périodique semblable.

Dans cet ordre des choses, il semblerait (puisque je ne suis pas juriste) que les enseignants en fonction ne soient donc pas les propriétaires du contenu déposé en ligne et qu’ils devraient s’assurer d’obtenir l’autorisation de leur employeur ou à tout le moins avoir une entente avec eux, pour diffuser le matériel produit pendant qu’ils sont à l’emploi de leur établissement. Si je pousse le raisonnement plus loin, ceci implique aussi que lorsqu’un enseignant quitte une institution, le contenu produit dans le cadre de ses fonctions demeure la propriété de l’institution. Or, si le contenu produit par l’enseignant est hébergé sur des serveurs dont l’institution n’a pas le contrôle, il s’avérera très difficile pour l’institution d’accéder et de récupérer ce contenu.

La question est donc : comment arriver à conjuguer les droits des institutions et ceux des enseignants qui deviennent maintenant des producteurs et des diffuseurs de contenu ?

Comme enseignant, j’ai toujours partagé le matériel pédagogique que je produisais autant par le biais de mon site Web personnel hébergé sur des serveurs privés que par le serveur de l’école lorsque l’infrastructure existait. Aujourd’hui, comme directeur d’établissement, j’encourage plus que jamais mes enseignants à partager leur matériel. Nos serveurs permettent en effet l’hébergement de différents types de plateforme WordPress, Wiki, Web mais certains enseignants préfèrent des environnements plus spécifiques comme Edmodo par exemple ou souhaitent utiliser certains outils de Google permettant le travail collaboratif. Comme pédagogue, il m’est difficile d’interdire à un enseignant d’utiliser ce qu’il croit être le meilleur outil pour développer les compétences de ses élèves ou diffuser son matériel, si bien entendu le tout est légal et que nos serveurs ne peuvent offrir le même environnement. D’un autre côté, comme gestionnaire, je réfléchis à la nécessité de disposer d’une politique sur l’hébergement des ressources pédagogiques et sur l’utilisation avec les élèves de services hébergés à l’extérieur de mon établissement. Comment donc arriver à encadrer les nouvelles pratiques tout en favorisant le partage des ressources pédagogiques ? Je n’ai pas encore la réponse à cette question, mais nous sommes dans une nouvelle ère où il faut réfléchir aux nouveaux impacts des technologies, et surtout faire preuve de vision, de souplesse, d’ouverture et très certainement identifier des pistes de solutions novatrices en partenariat avec tous les intervenants concernés.

Sébastien Stasse

Je tiens à remercier Me Sonia Daoust de la FEEP pour la recherche des articles
de loi traitant du sujet.

À propos des tablettes en éducation

Le iPad mini est parmi nous ! Nous n’avons qu’à bien nous tenir puisque Apple nous propose un autre outil qui devrait révolutionner l’industrie … du moins c’est ce que la compagnie prétend ! Qu’en est-il vraiment de cet appareil, mais aussi de l’arrivée des tablettes en éducation. Voici une réflexion, partagée lors d’échanges entre amis acteurs du milieu de l’éducation.

Le iPad mini

Utilisateur régulier d’un iPad depuis son lancement, je suis passé à une utilisation quotidienne du iPad mini depuis maintenant 2 semaines et je suis tout simplement séduit par cet appareil. Quelques éléments m’enchantent plus particulièrement, dont la possibilité d’écrire (avec les pouces) sans avoir à déposer l’appareil, la légèreté et le caractère minimaliste (la dimension) du produit qui possède pourtant une grande puissance. Le modèle plus gros ne me manque pas, quoique le visionnement de films est une expérience moins « englobante » due à la taille de l’écran, mais la qualité de l’image est époustouflante. J’utilise mon iPad pour la prise de notes lors de réunion et de cours  à l’université, pour toutes mes lectures (journaux, articles et magazines), pour ma veille pédagogique  (Twitter, LinkedIn et Google +), pour mes présentations et conférences et bien entendu pour le divertissement.

Donc, pour ma part, la transition du iPad 2 au iPad mini est presque transparente et je n’ai pas l’intention de revenir en arrière. Il reste à tester la machine avec des applications de création multimédia, et à la mettre à l’épreuve en salle de classe, ce que nous ferons dans notre milieu dans les prochaines semaines auprès de nos élèves de la maternelle à la 2e secondaire.

La tablette en éducation

Le premier projet iPad dans notre établissement date d’il y a 3 ans, à la sortie de la 1re version. Depuis, après un projet 1 iPad par élève au secondaire que nous n’avons pas reconduit cette année, les élèves se partagent une quinzaine de iPad. Chaque enseignant possède le sien et l’ensemble de notre gestion scolaire (absences, entrée de notes, suivi) se fera sur cet outil d’ici la fin de l’année scolaire. L’an prochain, nous souhaitons revenir avec un projet 1 iPad par élève pour une de nos classes au secondaire et le choix du iPad mini s’impose de lui-même, mis à part deux aspects techniques (qualité de la caméra et puissance du CPU) qu’il faudra valider lors de notre expérimentation.
Mais bien au-delà de telle ou telle technologie, les tablettes ont tout simplement révolutionné le monde de l’éducation et l’une de leurs grandes forces est certainement la démocratisation de la conception d’applications ouvrant ainsi le chemin à un univers de possibilités, toutes matières confondues. Jamais depuis que je me suis intéressé aux TIC, il y a maintenant plus de 15 ans, je n’ai vu autant d’intérêt pour les technologies. Plusieurs écoles ont fait le saut, parfois à coup de 1000 machines pour un établissement, se lançant dans l’aventure pourtant remplie d’inconnues. Parfois pour des raisons pédagogiques, parfois pour des raisons de marketing, mais il n’en reste pas moins que les tablettes ont investi les écoles plus rapidement et avec une présence plus importante que ne l’ont été les ordinateurs.

La technologie est donc là, le cartable numérique une réalité avec l’arrivée des tablettes, mais il manque encore bien des éléments pour arriver à un résultat dépassant le simple usage du numérique. Je vous en propose deux.
Le premier écueil, c’est la gestion et l’offre des livres et manuels scolaires en numérique. Un vrai cauchemar où chaque maison d’édition a sa propre plateforme, standard et format. Imaginez quand en plus il faut gérer des codes d’utilisation, une inscription individuelle sur site et assurer l’assistance technique … Alors que le numérique pourrait offrir une expérience qui révolutionnerait le manuel scolaire, on en est encore à des formats de type PDF «permettant l’annotation», mais aux possibilités interactives limitées. On est loin du manuel complètement personnalisable par l’apprenant, enrichi par l’enseignant, permettant la collaboration, mais surtout permettant de tout contenir : références, notes de cours, exercices, évaluations, résultats scolaires et autres. Bref un vrai outil tout-en-un pour chaque matière.

Pas étonnant que certains enseignants et même certaines écoles choisissent de produire leur propre matériel et de s’éloigner des maisons d’édition. Le Collège Sainte-Anne de Lachine prévoit n’acheter aucun livre d’ici 2 ans.
Deuxième écueil : la formation. Je ne comprends pas que l’on s’entête encore à offrir des formations en groupe de 30 ou 40 enseignants de niveaux (matières et compétences TIC) différents et aux attentes différentes ? Alors qu’on demande aux enseignants de différencier leur enseignement, on est encore loin de l’avoir compris en matière de formation continue. Impossible aujourd’hui d’être spécialiste de la tablette dans toutes les matières en éducation. Là ou avant une poignée de logiciels étaient disponibles, la prolifération des applications, rend la veille « générale » presque impossible !  Et puis, est-elle vraiment continue cette formation continue ? Une ou deux rencontres par année et où le reste du temps l’enseignant est laissé à lui-même et où les plus férus et autodidactes s’en tireront le mieux. De ces formations de groupe ponctuelles, qu’est-ce qui finalement atteint vraiment les élèves ? Loin de jeter la pierre aux formateurs, je crois que le système d’accompagnement et de formation doit être repensé et adapté à la réalité d’un corps enseignant qui comprend autant des novices que des experts en TIC  … le fossé numérique est une réalité même en enseignement. À l’ère des Khan academy, des formations en ligne et des classes inversées les gestionnaires sont certainement en mesure de répondre aux besoins des enseignants … encore faut-il en faire une priorité et y allouer les ressources ! En ces temps de coupures et de remise en question des structures, le numérique est loin d’être une priorité.
Bref, ce que j’observe du numérique en éducation depuis 2 ans me fait prendre conscience que le virage est enfin enclenché, que le paquebot du système éducatif (en matière de TIC) commence à tourner. Malheureusement, au-delà de l’outil numérique (tablette, ordinateur, appareil mobile) c’est le système éducatif (financement, pratiques, formations, autonomie des écoles, ressources, etc.) qui arrive, dans plusieurs cas, difficilement à répondre aux besoins autant des enseignants que des élèves.

Dans 5 ans, les iPad seront des reliques … nous en sommes à la 4e génération de iPad après à peine 3 ans ! Le Wi-fi date de 1999 et certaines écoles n’en sont pas encore équipées ou alors inaccessibles … Bref, au-delà de ce que peuvent faire les outils, certains élèves n’y ont tout simplement pas accès, souvent par un manque de vision qui date déjà de quelques années.

Ce qui est le plus inquiétant … c’est qu’on parle de l’école de demain en se référant beaucoup trop à l’école d’aujourd’hui … Plus que jamais il faut pourtant innover en matière d’éducation, plus que jamais il faut se souvenir que les enfants en 1re année d’aujourd’hui évolueront dans 15 ans dans un monde que ne pouvons à peine imaginer … il faut les préparer à s’adapter à l’inconnu, et plus particulièrement en matière de TIC !
Sébastien Stasse