Appareils mobiles et évaluation

L’arrivée récente des appareils mobiles, plus précisément des tablettes électroniques, a pour conséquence de considérablement redéfinir le portrait des parcs informatique dans les établissements d’éducation. Lorsqu’utilisés en salle de classe, dans quelle mesure les appareils mobiles peuvent-ils jouer un rôle pour supporter une démarche d’apprentissage et d’évaluation?. Pour que ces appareils puissent être utilisés à leur plein potentiel par les apprenants, les enseignants doivent pouvoir rendre accessible du contenu au travers d’une plateforme numérique. Quelles sont donc les façons d’intégrer des outils d’évaluation à l’intérieur de dispositifs de formation numérique (DFN) à l’aide des iPad. ?

Dans le cadre d’un travail dirigé d’une maîtrise en éducation, ces questions m’ont mené à réaliser une étude exploratoire visant à valider une démarche de recherche appliquée de type collaborative.  À l’été 2013, en collaboration avec  Micheline-Joanne Durand (professeure agrégée),  les étudiants inscrits au cours de 2e cycle Évaluation et TIC,  ont eu à concevoir une situation de compétence intégrant des outils d’évaluation et pouvant être entièrement réalisée à l’aide d’un appareil mobile (iPad). Par la suite, à l’aide de grilles analytiques, il a été possible d’évaluer la pertinence des situations de compétence et des DFN utilisés.

Nos premiers résultats indiquent que, bien qu’il soit possible d’intégrer des outils d’évaluation à des DFN, cette intégration ne peut actuellement reposer uniquement sur les fonctions inhérentes aux plateformes numériques actuelles, mais nécessite des ressources externes variées (fichiers numériques, applications, services en ligne).

L’ensemble de cette recherche exploratoire et ses résultats  seront présentés dans le cadre de la36e session d’études de l’ADMEE-Canada qui aura lieu à Montréal les 13 et 14 novembre 2014.

Pour le moment, il est possible de consulter en ligne : une présentation de la problématique, la présentation du concept de DFN, de même que la bibliographie associée au travail.

Sébastien Stasse

Les "pelleteurs de nuages"

Saviez-vous que le 25e prix du « Scientifique de l’année » de Radio-Canada a été remis à Jacques Pépin, infectiologue et épidémiologiste du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke et professeur titulaire de l’Université de Sherbrooke, pour sa « contribution fondamentale à la connaissance de l’origine du VIH/sida » ?

À mon retour d’une belle journée de ski, j’écoutais l’émission « Les années lumière » diffusée à la première chaîne de Radio-Canada.  Yanick Villedieu et son équipe y interviewaient quelques ex-lauréats de ce prix. Ce qui m’a frappé, c’est l’impact que ces chercheurs universitaires avaient eu sur la médecine moderne. Par exemple, des recherches effectuées depuis 1999 permettaient aujourd’hui à des médecins de transplanter de la peau, produite en laboratoire, sur des grands brûlés. Ces travaux, issus de la recherche, et menés par des professeurs d’université et auxquels collaborent un grand nombre d’étudiants à la maîtrise et au doctorat, permettent de faire avancer la médecine un peu plus tous les jours. Et qui plus est, le milieu « de la pratique » leur en est reconnaissant !

Et puis tout à coup, en conduisant, je me suis questionné sur l’avancement de l’éducation et bien évidemment sur l’état de la recherche en éducation au Québec.

Dans la croyance populaire, comme je l’ai si souvent entendu autour de moi, nos réformes de l’éducation ont la réputation d’être le fruit de fonctionnaires « assis dans leur tour d’ivoire » et « déconnectés du milieu » ou encore d’universitaires « pelleteurs de nuages ». Je ne sais pas si notre chercheur scientifique se lançant dans la production de chair humaine en 1999 s’est fait traiter de « pelleteur de nuages» mais il faut admettre qu’il a pu apporter une contribution importante à la médecine en général.  Il est peut-être difficile de comparer une science exacte comme la médecine avec les sciences de l’éducation, mais on ne peut pas dire que les chercheurs en éducation bénéficient de la même reconnaissance que ceux du côté scientifique. Pourquoi donc ?

N’empêche que j’ai eu un pincement au coeur. Notre façon d’enseigner n’a guère évolué au fil des années et je me demande pourquoi nous ne nous appuyons pas plus sur les résultats de la recherche en éducation pour instaurer des changements de pratiques ? Serait-ce que justement la recherche ne trouve pas mieux que ce qu’on a toujours fait ?  Serait-ce qu’un nombre insuffisant de ressources financières sont accordées à la recherche dans ce domaine ? Serait-ce que la recherche en éducation en est à ses premiers balbutiements ? Serait-ce tout simplement que peu de chercheurs oeuvrent dans ce domaine ? Serait-ce finalement que le résultat de ces recherches n’atteint pas la pratique ?

Je ne suis pas un chercheur, mais l’état actuel de l’éducation me préoccupe beaucoup et la façon de faire évoluer le système m’interpelle. Ma récente formation de 2e cycle en éducation (plus précisément en évaluation) me permet d’étendre mes connaissances et me donne des pistes concrètes pour entreprendre un virage important dans mon milieu. Ces pistes, dont certaines sont issues de la recherche, dépassent largement le cadre de la gestion scolaire, et concernent l’ensemble des intervenants du milieu scolaire.

Et si la recherche était l’une des voies du changement en éducation ? Et si la recherche concluait justement que le modèle actuel est le plus efficace en matière d’éducation ?

Vous en connaissez beaucoup des prix décernés à des chercheurs en éducation ? En voici au moins trois :

Le prix Pat Clifford reconnaît le travail de nouveaux chercheurs.

Le prix Whitworth rend hommage à des personnes ayant fait une contribution à la fois solide et soutenue à la recherche en éducation.

Le prix Ken Spencer pour l’innovation en enseignement et en éducation vise à reconnaître et à diffuser le travail innovateur réalisé dans les écoles.

Sébastien Stasse