À propos de la créativité à l'école …

Article paru dans la revue Vision No 76 de l’AQÉSAP.

L’école de mon enfance, il y a plus de trente ans, ne m’a pas beaucoup aidé à m’éveiller ou à développer mon côté artistique. Je dirai même que mes cours d’arts plastiques ont simplement fait en sorte de renforcer l’idée que je n’avais aucun talent artistique. En fait, je n’arrivais tout simplement pas à faire de « beaux » dessins ou encore à démontrer un talent particulier en ce sens. Je n’ai jamais fait de musique à l’école ni d’art dramatique et encore moins de la danse. La culture à la maison a surtout été présente par les livres de la bibliothèque municipale, plus abordables pour notre famille modeste que d’éventuels cours de toutes sortes.

 Les Arts comme levier à la créativité

J’ai découvert un jour que j’avais un petit côté artiste en moi ou a tout le moins un grand côté créatif. Cette prise de conscience a eu lieu lors d’un week-end d’atelier avec l’artiste Seymour Segal. Le titre de l’atelier : « dépasser le bon et le pas bon ». Dès le début, Seymour avait insisté sur le fait que si nous produisions quelque chose de « pas beau » ça n’était pas grave et que si nous produisions quelque chose de beau » ça n’était pas grave non plus »… À partir de ce moment, j’ai surtout réalisé l’immense pouvoir des Arts autant sur l’estime de soi que sur la capacité à innover quand on pouvait laisser libre cours à sa créativité.

 

Et si la créativité était une des clés qui permettait aux gens de s’épanouir?

 

Et si l’école avait la responsabilité, en plus de donner le goût d’apprendre, de permettre aux enfants qui la fréquentent de goûter à différentes façons d’être créatif ou de mettre à profit leurs talents créatifs ou artisitiques ?

 

C’est sur ces deux prémices que depuis mon arrivée en poste comme direction d’un petit établissement d’enseignement, les Arts ont pris une plus grande importance. Pour y arriver, il faut nécessairement pouvoir compter sur des enseignants passionnés, mais surtout qui ont une vision inclusive des Arts permettant à chaque élève d’apporter une contribution à sa mesure. Le résultat : un spectacle de fin d’année où TOUS les élèves, de la maternelle à la 2e secondaire monteront sur la scène pour présenter une performance de groupe sous forme de chant, de musique, de danse ou de théâtre… sans oublier, pour quelques-uns, une exposition virtuelle de leur œuvre préférée. Dans les quelques lignes qui suivront, je vous présentai les différents aspects qui ont rendu possible un tel projet.

 

 Quand les Arts deviennent une priorité

Dans notre milieu, tel que le prévoit le régime pédagogique, les arts plastiques ont été choisis pour être enseignés de la 1re année à la 6e année du primaire par les titulaires de classe. À l’époque, l’art dramatique était aussi enseigné à tous les niveaux. Après avoir sondé les talents artistiques du personnel de l’école, deux des enseignantes avaient une passion et une formation particulière en art dramatique et en musique. Suite à une rencontre, j’ai pu obtenir leur consentement pour leur permettre d’enseigner la musique au 1er cycle du primaire et les arts dramatiques au 2e cycle de façon a ce que les élèves soient en contact avec différentes formes d’art dès le début du primaire.

La particularité de l’école où je travaille, c’est qu’elle dessert surtout la communauté arménienne du grand Montréal. L’arménien fait partie du curriculum de tous les élèves et, en plus de l’enseignement de la langue, les cours d’arménien intègrent la culture et l’histoire de ce pays. Depuis des années, des cours de danse arménienne se donnaient lors de périodes parascolaires à un certain nombre d’élèves, triés sur le volet dans le but de présenter un spectacle de fin d’année avec costumes traditionnels. Mon objectif était donc de trouver un enseignant pour offrir un cours de danse à tous les élèves du 3e cycle du primaire, mais aussi au niveau du secondaire afin de garder vivant cet élément de culture très valorisé par cette communauté. Après de nombreuses recherches, il a été possible de trouver cette perle rare et ainsi d’offrir ce cours à nos élèves. Sous forme de teamteaching, un enseignant et un spécialiste de danse arménienne s’assurent de l’atteinte des compétences du programme de danse par les élèves avec une saveur culturelle arménienne.

 

Finalement, notre classe d’accueil reçoit des élèves en francisation. Il s’agit d’iraquien, de syrien ou d’arménien récemment arrivés au pays et parlant souvent uniquement l’arménien. Ces enfants doivent donc, en plus d’apprendre la langue du pays, s’adapter à une nouvelle réalité, à un nouveau milieu. Afin de leur offrir une façon de s’exprimer tout en intégrant le français, nous avons mis à leur horaire plusieurs périodes d’arts plastiques avec une enseignante spécialiste. Ces périodes deviennent l’occasion pour eux de s’initier à différents médiums et même de présenter des expositions virtuelles comme celle-ci :

http://tinyurl.com/expositionvirtuelle

 

Et aujourd’hui …

Il n’est donc pas rare, dans la cour de récréation, de voir des élèves répéter une chorégraphie de danse ou pratiquer des répliques de théâtre. Les murs de notre école regorgent d’œuvres de nos élèves qui bien souvent se retrouvent aussi sur notre site Web.

 

En plus de permettre à nos élèves de s’initier à une autre forme d’expression, les Arts ajoutent à notre établissement une atmosphère créative qui a définitivement contribué à changer notre culture d’établissement! Et si un jour cette créativité n’est pas présente dans le métier que nos élèves choisiront de faire, je crois qu’ils auront goûté à différentes façons leur permettant d’être créatifs.

 

Sébastien Stasse

 

 

L'orthopédagogie, un "service" essentiel au "service" de l'élève

L’orthopédagogie, c’est un subtil mélange d’aide à l’élève, de support aux enseignants et de collaboration avec les parents. Le saviez-vous ? Moi pas. Voici les grandes lignes de notre nouveau service d’orthopédagogie en place depuis septembre et qui est une réussite à tous les plans, bien au-delà de toutes nos attentes.

 

L’aide aux élèves à besoins particuliers

Notre établissement ne disposait pas de service d’orthopédagogie avant mon arrivée au poste de direction il y a maintenant 3 ans. Nous avions des périodes de récupération où des élèves en groupe de quatre bénéficiaient d’un encadrement particulier sous la supervision d’un enseignant titulaire à l’intérieur de l’horaire régulier. Il s’agissait, pour la plupart du temps de reprendre des notions incomprises, des devoirs incomplets et de terminer des travaux. Je me suis donc questionné à savoir si ce service permettait réellement d’aider les élèves en difficulté.  Suite à plusieurs échanges avec les enseignants, j’en suis venu à la conclusion qu’il s’agissait plus d’un baume qui n’arrivait peut-être pas à identifier réellement les difficultés de l’élève. D’ailleurs, le simple fait que les mêmes élèves se retrouvaient à bénéficier de ce service au fil des semaines et des ans, laissait supposer qu’on ne réglait pas nécessairement le problème à la source.

 

Une première offre de service

Comme je ne connaissais pas vraiment en quoi consistait un service d’orthopédagogie, j’ai laissé l’organisation de ce service à un intervenant s’affichant comme orthopédagogue. Donc, notre service a pris la forme de rencontres individuelles à l’école d’environ 50 minutes par semaine pour quelques élèves ciblés. Ce service a fonctionné pendant 2 ans alternant entre des rencontres à l’école et pour certains par la poursuite des interventions à l’extérieur de notre établissement en pratique privée par le même intervenant. Il faut dire que notre clientèle est très variée et que certains de nos parents, nouveaux arrivants, bénéficient déjà de bourses d’études pour leurs enfants et ne sont donc pas en mesure de défrayer des coûts supplémentaires qui peuvent aller jusqu’à 90$ la séance. Donc, l’école doit souvent absorber le coût de ce service alors que pour d’autres parents, leurs moyens leur permettent de bénéficier d’un service externe. Bien qu’un contact était établi dès le départ avec les parents de la part de l’intervenant, très peu de rétroaction avait lieu avec les enseignants et aucune trace des interventions n’était colligée autrement que par courriel de façon plus ou moins ponctuelle. L’absence de contrat ou d’entente, qui aurait dû être établi au préalable, n’avait évidemment pas contribué à définir clairement l’ensemble du service et surtout à identifier clairement les responsabilités de l’école et de l’intervenant. Le service a pris fin avant la fin de l’année scolaire et c’est à ce moment que j’ai été étonné d’apprendre que l’orthopédagogie n’était  régie par aucun ordre professionnel. En fait, n’importe qui peut s’afficher comme orthopédagogue et livrer le service selon la façon dont il l’entend sans être redevable de ses gestes. En fait, certains orthopédagogues sont membres d’une association, mais celle-ci ne leur demande que de répondre à certains critères sans avoir le pouvoir de sanctionner leurs membres ou même de recevoir des plaintes.

 

Établir un contrat et identifier un cadre de service

Mon expérience m’apprend donc qu’il faut d’abord s’assurer de signer un contrat afin de déterminer les obligations de l’intervenant, de s’assurer de la présence d’un registre des interventions auprès de chaque élève et du cadre dans lequel le service sera offert. Il faut aussi valider la compétence de la personne engagée puisque le seul fait qu’elle soit membre d’une association ne fait foi de rien.  Les références de pratique dans le milieu deviennent donc essentielles bien au-delà d’un CV bien rempli.

En juin dernier, à la recherche d’un nouvel orthopédagogue pour offrir un service d’une journée par semaine dans notre établissement, je suis entré en contact avec la compagnie Math et mots et Carlo Coccaro. Dès la première rencontre, j’ai été interpellé par sa vision et sa passion de l’orthopédagogie qui rejoignaient parfaitement mes nouvelles attentes. Un service individualisé, ciblé, de durée variable en fonction des besoins et de l’âge des l’élèves, la présence d’un registre d’intervention signé par les enseignants et les parents, une collaboration avec les enseignants et un intervenant faisant partie intégrante du personnel de l’école. Une présence régulière et prévue selon un horaire de façon à permettre aux enseignants de s’y référer au besoin.  Et le plus important, un intervenant capable d’inclure les enseignants dans le processus et de gagner leur confiance.

 

L’élève au centre du service

C’est à ce moment que Carlo m’a présenté une extraordinaire orthopédagogue qui non seulement est en mesure d’agir efficacement auprès des enfants, mais qui s’assure que les enseignants pourront réinvestir le travail fait en individuel avec les élèves. Chaque élève bénéficiant du service dispose maintenant d’un carnet d’intervention qui est une source d’informations extraordinaire tant pour les parents que pour les enseignants en plus de donner aux enfants des outils concrets pour vaincre leurs difficultés ou a tout le moins les contourner. Les résultats sont exceptionnels ! La qualité de l’évaluation permet de cibler de façon chirurgicale les difficultés des enfants et d’y apporter très souvent des solutions qui ont des effets immédiats.

Mais là où l’impact est le plus grand, c’est auprès des enseignants qui non seulement sont en mesure de voir les interventions faites par l’orthopédagogue, mais qui « apprennent » des trucs qui leur seront utiles dans leur enseignement. Loin de se sentir menacés, les enseignants invitent l’orthopédagogue régulièrement dans leur classe pour des observations et de la prévention. Un accent est donc mis sur le dépistage afin de s’assurer que les élèves « partent gagnants » et qu’un écart ne se creuse pas dès le 1er cycle.

Les parents, réticents à recourir à ce genre de service au cours des années précédentes, sont enchantés des résultats et des soins pris à aider leur enfant par les traces qu’ils peuvent consulter. Ils sont rassurés. Au final, nous augmenterons le service à deux jours semaine l’an prochain, de façon à encore mieux assurer la réussite de tous nos élèves. Pour nous, la lutte au décrochage scolaire commence au 1er cycle en offrant aux enfants des ressources efficaces pour leur permettre un bon départ. C’est aussi de s’assurer que nos élèves progresseront ensuite selon les attentes tout en leur offrant un encadrement leur permettant d’identifier leurs difficultés en leur donnant les outils pour y faire face. L’orthopédagogie est donc devenue un outil de dépistage, de prévention et d’action.

 

En conclusion 

Le mois passé, une élève de 1re année est venue me présenter son carnet. J’ai été très touché de ses explications et des nombreux « trucs » dont elle disposait maintenant pour décoder les sons. Mais ce qui m’a le plus ému c’est de l’entendre me dire :

… maintenant je suis capable de lire des mots que je n’étais pas capable avant.

Je vois donc, plus que jamais aujourd’hui, l’importance d’un service comme l’orthopédagogie dans une approche collaborative entre l’ensemble des intervenants d’une institution scolaire. Nous disposons aujourd’hui de la connaissance et de l’expertise qui sont en mesure d’aider tous les enfants à réussir … encore faut-il que ces ressources soient  vraiment adaptées aux besoins des enfants.

En terminant, je vous dévoile le nom d’une perle : Caroline Girard, orthopédagogue, qui a su bâtir des liens entre les intervenants et mettre en place ce service dans notre institution.

Sébastien Stasse

 

 

 

 

La formation initiale des enseignants, 50 ans après le rapport Parent

Voici un compte rendu de mes propos, partagés comme panéliste à la table ronde sur la formation initiale des enseignants dans le cadre de la 2e journée d’étude « Cultiver l’Éducation au Québec : 50 ans après le rapport Parent » organisée par l’UQAM.

Introduction

C’est tout un honneur de participer à cette réflexion et je tiens à remercier les organisateurs de leur confiance en me permettant de partager avec vous mes réflexions. Étant né avant le rapport Parent, et étant issu de l’application des recommandations de ce rapport, c’est aujourd’hui un privilège non seulement de pouvoir réfléchir à l’impact de ce rapport après 50 ans, mais aussi de contribuer à la réflexion sur l’avenir de l’éducation, de l’école et du système éducatif québécois.

Une citation pour débuter :

La crise de l’enseignement est universelle. Partout sont remises en question les structures administratives et pédagogiques, partout se préparent ou s’appliquent des réformes plus ou moins radicales; c’est que l’homme moderne n’habite plus le même univers que ses ancêtres.

Tiré du rapport Parent, 1964, Tome II p. 19

Nous pourrions facilement appliquer cette citation au contexte actuel du système éducatif mondial. Étonnant ? Certainement pas! L’éducation doit évoluer au même rythme que notre connaissance et doit se remettre en question périodiquement pour assurer une formation pertinente et répondant aux besoins des générations futures. Ce qui serait inquiétant serait plutôt de continuer à évoluer dans un système éducatif qui ne tient pas compte de l’évolution du savoir et de la connaissance sur le processus même de l’apprentissage.

Situer la formation initiale des enseignants

L’objectif de cette table ronde organisée par l’UQAM étant de réfléchir plus particulièrement sur la formation initiale des enseignants, je dirais d’entrée de jeu que l’élément central de ma réflexion sur le sujet est le constat que le métier d’enseignant a subi des modifications profondes et que le rôle de l’école change depuis plus d’une décennie.

J’ouvre une parenthèse pour souligner que la délicate question de la professionnalisation du métier d’enseignant est déjà abordée par le tome III du rapport Parent (p. 245) et que j’ai nullement l’intention d’élaborer sur ce sujet aujourd’hui. Mais je me permet de citer les propos de Maurice Tardif, tirés de son dernier livre, dans la conférence d’ouverture d’aujourd’hui, « les universités forment des professionnels pour une profession qui n’existe pas encore ». Il y aura certainement lieu d’y réfléchir dans une autre tribune, surtout quand on abordera la question de la formation continue et du développement professionnel. Fin de la parenthèse.

Donc revenons au changement du rôle des enseignants. D’abord, le changement de paradigme mis de l’avant avec la réforme ou renouveau il y  a  plus de 10 ans, où il ne suffit maintenant plus « que» d’enseigner, mais bien de « faire » apprendre. Ce changement important inclut donc une forme de « reddition de comptes » que viendront préciser les conventions de gestion, de partenariat ainsi que les plans de réussite des établissements.

Grâce au Rapport Parent, le Québec s’est doté d’un système d’éducation accessible et obligatoire pour tous. Or, le même système s’attend aujourd’hui  à ce qu’on assure la réussite (ou à tout le moins la diplomation) de tous et de préférence avant 16 ans!  Il y aurait certainement lieu, éventuellement, de se questionner sur la différence entre la réussite et la diplomation, mais chose certaine, les taux de décrochage actuels m’amènent à dire que l’on a réussi à démocratiser l’éducation mais pas nécessairement l’apprentissage.

On demande à l’école et du coup aux enseignants : d’instruire, de socialiser et de qualifier une clientèle,  incluant les enfants à besoins particuliers, le tout en « suivant » les avancées technologiques et en assurant la réussite pour tous ! En 10 ans, nous sommes passés d’un modèle où le rapport au savoir était centré, à un modèle où le savoir est polycentrique. L’enseignant n’est plus le seul à connaître. Les élèves et les parents ont accès à la connaissance et à la technologie du bout des doigts, ce qui bouleverse la relation maître/élèves et donc le métier d’enseignant.

C’est ce qui m’amène à dire que le métier a radicalement changé depuis le rapport Parent et qu’il continuera à se modifier. Le sujet est donc important : qu’en est-il de la formation initiale de nos futurs enseignants mais aussi de ceux qui la donnent ?

 

Les enjeux en regard à la formation initiale des enseignants 

Une étude d’envergure de l’OCDE sur les politiques à l’égard des enseignants, menée entre 2002 et 2004 concluait que:

La qualité des enseignants est le premier levier d’amélioration de l’efficacité des systèmes d’éducation.

D’où l’importance du recrutement et donc de la valorisation du métier d’enseignant, de la formation initiale mais aussi de la formation continue, élément essentiel permettant d’assurer le haut degré de compétence des enseignants.

Le premier enjeux serait donc d’attirer des candidats pour qui l’enseignement est un « premier » choix. Il m’apparaît ensuite important d’assurer la rétention des finissants dont on évalue le décrochage entre 15 % à 30 % après leur première année dans les écoles. Les chiffres sur le sujet divergent, en 2004, la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (FCE) évaluait ce nombre à 30 % alors qu’en 2002 , le Comité d’orientation de la formation du personnel enseignant (COFPE) l’évaluait à 20 %. Mais nous pouvons nous entendre sur le fait que ces chiffres sont inquiétants et qu’il faudra s’intéresser rapidement à cette réalité.

Un autre enjeux serait de développer un réflexe de formation continue, essentiel dans toute profession. Nos enfants devront « apprendre à apprendre » s’ils veulent arriver à évoluer dans le monde futur; les enseignants devront eux aussi développer des pratiques réflexives et remettre périodiquement en question leurs pratiques.

Les universités devront ajuster les parcours universitaires en fonction des nouvelles réalités, autant technologiques que pédagogiques.

Et finalement, s’assurer que la formation offerte par les professeurs universitaires et les chargés de cours est « à jour » et que ces enseignants modélisent eux-mêmes les nouveaux modèles attendus.

 

Qu’est-ce qui fonctionne bien actuellement dans la formation initiale des enseignants

À mon avis la modification de la formation initiale échelonnée sur 4 ans au lieu de 3 a certainement permis une première forme de « sélection naturelle » des candidats par les stages, dès le début de la formation. Les 4 stages permettent d’évaluer l’intérêt pour le métier tout en faisant un lien entre la théorie et la pratique.

La grande diversité des cours offerts en option permet de répondre à un besoin de formation qui a grandement évolué au cours des dernières années.

Quels sont les problèmes de la formation initiale des enseignants ?

J’insiste sur la rétention des enseignants/finissants dans le métier qui doit faire l’objet de toute notre attention, autant pour en évaluer les causes que pour en identifier des mesures correctrices.

Les compétences en évaluation doivent être mieux développées en formation initiale. Un seul cours ne suffit pas pour assurer aux futurs enseignants une base suffisante dans un contexte aussi complexe que le développement de compétences.

La formation initiale doit aussi inclure le développement de compétences à mobiliser les TIC. Ne parlons plus d’intégration, mais bien de mobilisation en cours d’apprentissage, dans toutes les matières. D’où l’importance de la présence de ces technologies tout au long de la formation initiale dans tous les cours et non pas d’un « cours » d’informatique.

Les élèves à besoins particuliers ne sont plus que l’affaire d’une spécialisation du métier d’enseignants. Aujourd’hui, ces élèves bénéficient d’un soutien en dehors des classes, mais la majeure partie du temps ils sont dans la classe de l’enseignant généraliste. Il faut donc absolument développer les compétences des futurs enseignants pour accompagner cette clientèle à besoins particuliers avec des ressources qui seront très souvent limitées.

 

Quels sont les besoins à court terme en regard à la formation initiale des enseignants ?

Que les nouveaux enseignants terminent leur formation en ayant pu vivre une modélisation adéquate dans l’ensemble de leur parcours universitaire en matière de mobilisation des TIC et d’évaluation des compétences et des apprentissages.

Que les nouveaux enseignants aient reçu une formation adéquate en intervention et en gestion des troubles d’apprentissage et de comportement.

Et finalement qu’ils puissent avoir bénéficié d’une expérience pratique sur le terrain en matière d’évaluation, de production du bulletin, et des rencontres de parents.

Que devrions-nous faire pour bonifier la formation initiale des enseignants ?

A cette question, je suis loin d’avoir les réponses ou une recette magique. Je proposerai plutôt des pistes de réflexions.

Serait-il envisageable de procéder à une sélection des candidats qui s’inscrivent aux différents programmes en enseignement et donc de contingenter les programmes ?

Ne serait-il pas impératif que la formation universitaire s’adapte rapidement autant au niveau des nouvelles technologies que de la recherche en éducation et qu’elle reste à l’affût des besoins du milieu ?

Une formation de 1er cycle est-elle suffisante  pour développer les nouvelles compétences attendues dans la perspective des nouvelles tâches demandées aux enseignants d’aujourd’hui ?

Ne serait-il pas envisageable, un peu comme les médecins, d’obtenir un droit de pratique ou un brevet d’enseignement temporaire de quelques années exigeant la poursuite d’études pour compléter la formation ?

La formation universitaire ne devrait-elle pas favoriser davantage les résultats de la recherche en éducation pour la mettre à profit auprès des élèves/étudiants afin de présenter les pratiques les plus efficaces en matière d’apprentissage, par exemple en ce qui à trait à la neuroéducation ?

Les nouveaux enseignants ne devraient-ils pas bénéficier d’un accompagnement obligatoire lors des premières années d’enseignement ?

 

Au delà de la professionnalisation du métier, la loi sur l’instruction publique énonce quelques devoirs des enseignants dont :

Obligation de l’enseignant de prendre des mesures appropriées qui lui permettent d’atteindre et de conserver un haut degré de compétence professionnelle.

LIP Art 22 – 6°

 

Ne serait-il pas pertinent de développer des programmes universitaires de formation continue, mieux adaptés aux horaires des enseignants en poste et en partenariat avec les institutions scolaires ?

 

En conclusion

Je reviens sur l’élément le plus important de mon allocution :

La qualité des enseignants est le premier levier d’amélioration de l’efficacité des systèmes d’éducation.

Il faut donc former la relève tout en assurant la formation continue des enseignants. Je crois que dans ces deux aspects, l’université se doit de jouer non seulement un rôle de premier plan, mais surtout d’assurer la qualité de la formation.

Une question pour terminer … les derniers états généraux en éducation de 1996 ont mené à la fameuse réforme de 2000 qui, loin d’être parfaite, comportait des éléments innovateurs pour l’époque et qui ont fait l’objet de nombreux débats et critiques. Aujourd’hui, à peu près tous les systèmes éducatifs sont en transformation et s’articulent autour du développement de compétences et plus particulièrement ce que nous appelions les compétences transversales et qui aujourd’hui portent le nom de  compétences du 21e siècle.

À la lumière des changements depuis 15 ans, une autre réflexion ne s’imposerait-elle pas aujourd’hui en matière de système éducatif ?

Sebastien Stasse