Donner aux élèves les moyens de réussir

En cette fin d’année, voici l’aboutissement d’un projet inspirant et qui démontre bien le talent, mais aussi la détermination et l’engagement des enfants quand on leur en donne les moyens.

Mme Valérie Desroches, orthopédagogue à l’École Alex Manoogian, a travaillé sur ce projet d’enregistrement d’une chanson, en studio, avec la participation de quelques uns de nos 50 élèves qui ont bénéficié d’un accompagnement en orthopédagogie. L’objectif étant de démystifier ce service, qui permet non seulement aux élèves de corriger des lacunes ou de surmonter des difficultés d’apprentissage, mais surtout de les outiller pour l’avenir.

En collaboration avec le QDS Recording Studios voici donc le fruit de leur travail. Je suis particulièrement très fiers d’eux, mais surtout de pouvoir mettre en place les ressources nécessaires pour la réussite de chacun de nos élèves à la hauteur de leur potentiel.

Orthopédagogie par École Alex Manoogian sur Vimeo.

Voici un article qui présente les détails de notre programme d’orthopédagogie et notre approche. L’orthopédagogie, un « service » essentiel au « service » de l’élève

L'orthopédagogie, un "service" essentiel au "service" de l'élève

L’orthopédagogie, c’est un subtil mélange d’aide à l’élève, de support aux enseignants et de collaboration avec les parents. Le saviez-vous ? Moi pas. Voici les grandes lignes de notre nouveau service d’orthopédagogie en place depuis septembre et qui est une réussite à tous les plans, bien au-delà de toutes nos attentes.

 

L’aide aux élèves à besoins particuliers

Notre établissement ne disposait pas de service d’orthopédagogie avant mon arrivée au poste de direction il y a maintenant 3 ans. Nous avions des périodes de récupération où des élèves en groupe de quatre bénéficiaient d’un encadrement particulier sous la supervision d’un enseignant titulaire à l’intérieur de l’horaire régulier. Il s’agissait, pour la plupart du temps de reprendre des notions incomprises, des devoirs incomplets et de terminer des travaux. Je me suis donc questionné à savoir si ce service permettait réellement d’aider les élèves en difficulté.  Suite à plusieurs échanges avec les enseignants, j’en suis venu à la conclusion qu’il s’agissait plus d’un baume qui n’arrivait peut-être pas à identifier réellement les difficultés de l’élève. D’ailleurs, le simple fait que les mêmes élèves se retrouvaient à bénéficier de ce service au fil des semaines et des ans, laissait supposer qu’on ne réglait pas nécessairement le problème à la source.

 

Une première offre de service

Comme je ne connaissais pas vraiment en quoi consistait un service d’orthopédagogie, j’ai laissé l’organisation de ce service à un intervenant s’affichant comme orthopédagogue. Donc, notre service a pris la forme de rencontres individuelles à l’école d’environ 50 minutes par semaine pour quelques élèves ciblés. Ce service a fonctionné pendant 2 ans alternant entre des rencontres à l’école et pour certains par la poursuite des interventions à l’extérieur de notre établissement en pratique privée par le même intervenant. Il faut dire que notre clientèle est très variée et que certains de nos parents, nouveaux arrivants, bénéficient déjà de bourses d’études pour leurs enfants et ne sont donc pas en mesure de défrayer des coûts supplémentaires qui peuvent aller jusqu’à 90$ la séance. Donc, l’école doit souvent absorber le coût de ce service alors que pour d’autres parents, leurs moyens leur permettent de bénéficier d’un service externe. Bien qu’un contact était établi dès le départ avec les parents de la part de l’intervenant, très peu de rétroaction avait lieu avec les enseignants et aucune trace des interventions n’était colligée autrement que par courriel de façon plus ou moins ponctuelle. L’absence de contrat ou d’entente, qui aurait dû être établi au préalable, n’avait évidemment pas contribué à définir clairement l’ensemble du service et surtout à identifier clairement les responsabilités de l’école et de l’intervenant. Le service a pris fin avant la fin de l’année scolaire et c’est à ce moment que j’ai été étonné d’apprendre que l’orthopédagogie n’était  régie par aucun ordre professionnel. En fait, n’importe qui peut s’afficher comme orthopédagogue et livrer le service selon la façon dont il l’entend sans être redevable de ses gestes. En fait, certains orthopédagogues sont membres d’une association, mais celle-ci ne leur demande que de répondre à certains critères sans avoir le pouvoir de sanctionner leurs membres ou même de recevoir des plaintes.

 

Établir un contrat et identifier un cadre de service

Mon expérience m’apprend donc qu’il faut d’abord s’assurer de signer un contrat afin de déterminer les obligations de l’intervenant, de s’assurer de la présence d’un registre des interventions auprès de chaque élève et du cadre dans lequel le service sera offert. Il faut aussi valider la compétence de la personne engagée puisque le seul fait qu’elle soit membre d’une association ne fait foi de rien.  Les références de pratique dans le milieu deviennent donc essentielles bien au-delà d’un CV bien rempli.

En juin dernier, à la recherche d’un nouvel orthopédagogue pour offrir un service d’une journée par semaine dans notre établissement, je suis entré en contact avec la compagnie Math et mots et Carlo Coccaro. Dès la première rencontre, j’ai été interpellé par sa vision et sa passion de l’orthopédagogie qui rejoignaient parfaitement mes nouvelles attentes. Un service individualisé, ciblé, de durée variable en fonction des besoins et de l’âge des l’élèves, la présence d’un registre d’intervention signé par les enseignants et les parents, une collaboration avec les enseignants et un intervenant faisant partie intégrante du personnel de l’école. Une présence régulière et prévue selon un horaire de façon à permettre aux enseignants de s’y référer au besoin.  Et le plus important, un intervenant capable d’inclure les enseignants dans le processus et de gagner leur confiance.

 

L’élève au centre du service

C’est à ce moment que Carlo m’a présenté une extraordinaire orthopédagogue qui non seulement est en mesure d’agir efficacement auprès des enfants, mais qui s’assure que les enseignants pourront réinvestir le travail fait en individuel avec les élèves. Chaque élève bénéficiant du service dispose maintenant d’un carnet d’intervention qui est une source d’informations extraordinaire tant pour les parents que pour les enseignants en plus de donner aux enfants des outils concrets pour vaincre leurs difficultés ou a tout le moins les contourner. Les résultats sont exceptionnels ! La qualité de l’évaluation permet de cibler de façon chirurgicale les difficultés des enfants et d’y apporter très souvent des solutions qui ont des effets immédiats.

Mais là où l’impact est le plus grand, c’est auprès des enseignants qui non seulement sont en mesure de voir les interventions faites par l’orthopédagogue, mais qui « apprennent » des trucs qui leur seront utiles dans leur enseignement. Loin de se sentir menacés, les enseignants invitent l’orthopédagogue régulièrement dans leur classe pour des observations et de la prévention. Un accent est donc mis sur le dépistage afin de s’assurer que les élèves « partent gagnants » et qu’un écart ne se creuse pas dès le 1er cycle.

Les parents, réticents à recourir à ce genre de service au cours des années précédentes, sont enchantés des résultats et des soins pris à aider leur enfant par les traces qu’ils peuvent consulter. Ils sont rassurés. Au final, nous augmenterons le service à deux jours semaine l’an prochain, de façon à encore mieux assurer la réussite de tous nos élèves. Pour nous, la lutte au décrochage scolaire commence au 1er cycle en offrant aux enfants des ressources efficaces pour leur permettre un bon départ. C’est aussi de s’assurer que nos élèves progresseront ensuite selon les attentes tout en leur offrant un encadrement leur permettant d’identifier leurs difficultés en leur donnant les outils pour y faire face. L’orthopédagogie est donc devenue un outil de dépistage, de prévention et d’action.

 

En conclusion 

Le mois passé, une élève de 1re année est venue me présenter son carnet. J’ai été très touché de ses explications et des nombreux « trucs » dont elle disposait maintenant pour décoder les sons. Mais ce qui m’a le plus ému c’est de l’entendre me dire :

… maintenant je suis capable de lire des mots que je n’étais pas capable avant.

Je vois donc, plus que jamais aujourd’hui, l’importance d’un service comme l’orthopédagogie dans une approche collaborative entre l’ensemble des intervenants d’une institution scolaire. Nous disposons aujourd’hui de la connaissance et de l’expertise qui sont en mesure d’aider tous les enfants à réussir … encore faut-il que ces ressources soient  vraiment adaptées aux besoins des enfants.

En terminant, je vous dévoile le nom d’une perle : Caroline Girard, orthopédagogue, qui a su bâtir des liens entre les intervenants et mettre en place ce service dans notre institution.

Sébastien Stasse