Quand les médias sociaux s'invitent à l'école (suite)

Voici donc les deux derniers éléments présentés lors de la conférence de clôture de la rencontre nationale des RECIT en octobre dernier.  Vous trouverez ici le support visuel qui a servi à appuyer la conférence ainsi que l’enregistrement de la conférence.

3 – Modèle ou technologie à privilégier

La culture technologique n’est pas liée à un type de technologie ou a un modèle d’intégration ou de mobilisation. Elle est liée à l’utilisation d’outils que maîtrisent rapidement les élèves, incluant les médias sociaux.

Cette culture technologique doit aujourd’hui inclure l’utilisation des appareils des élèves et des enseignants, qu’il s’agisse d’ordinateurs ou d’appareils mobiles à l’intérieur de l’école. Il s’agit donc d’éduquer les élèves et les enseignants à l’utilisation de ces technologies et à encadrer l’utilisation de ces appareils. Faut-il privilégier le Mac, le PC, l’iPad, les tablettes, le TBI, le blogue, le microblogue ? S’agit-il d’un modèle d’un élève par ordinateur ou de chariots de portables partagés par plusieurs classes ? À mon avis, l’important est dans l’accompagnement, la formation, l’utilisation quotidienne et dans la pertinence de leur utilisation bien plus que dans le modèle choisi. L’arrivée du « cloud computing » (infonuagique) permet aujourd’hui de travailler en collaboration, via les outils du web 2.0,  de partout dans le monde à partir de n’importe quel type de machine. Ce qu’il faut, c’est utiliser le grand potentiel de ces outils pour supporter la réalisation de situations d’apprentissage. Faire cohabiter plusieurs technologies, utiliser les outils des élèves, encadrer leur utilisation et assurer un accès au réseau de qualité voila à mon avis les autres grands défis de l’école de demain.

4 – La culture de l’établissement

L’administration scolaire se doit d’être créative et doit proposer à l’ensemble de l’équipe-école des modèles d’utilisation de ces nouveaux médias sociaux, particulièrement le web 2.0.

La présence même de l’école sur ces nouveaux médias constitue certainement une indication claire de la direction qu’elle souhaite prendre. Twitter, Facebook, mais aussi les banques de signets, des badges Foursquare, les outils de publication à la WordPress de façon à inclure les parents et la communauté. Rendre le site de l’école interactif, assurer une présence quotidienne en ligne par la participation de plusieurs intervenants à la publication de contenu (direction, secrétaire, comité de parents, enseignants, élèves …).  Bref, utiliser le plus souvent que possible ces technologies dans le fonctionnement même de l’école. La mobilisation de la technologie, l’utilisation des médias sociaux et des outils du web 2.0 sont une affaire de culture d’établissement et non pas simplement l’affaire de quelques enseignants « initiés ».

Conclusion

Voici donc les 4 éléments qui me semblent essentiels pour supporter l’usage des TIC, du Web 2.0 et des médias sociaux à l’école.

    • L’importance de l’engagement de la direction
    • L’accompagnement et la formation répondant aux besoins
    • L’intégration et la mobilisation des outils des apprenants
    • La mobilisation de l’équipe-école autour des TIC

En fin de conférence, j’ai remercié Sonia Sihili, Coordonnatrice du RÉCIT à la direction des ressources didactiques au MELS pour son invitation et sa confiance de même que Marc et Corinne qui ont « mis la table » en présentant leur point de vue d’élève et d’enseignant. J’ai souligné le support d’André Roux, conseiller pédagogique de longue date qui a toujours manifesté beaucoup d’intérêt pour mes projets et ma vision des choses. Finalement, j’ai profité de l’occasion pour remercier les membres du RECIT (autrefois les CEMIS), des conseillers pédagogiques spécialisés en intégration des TIC, qui m’ont fait profiter de leurs ressources à maintes reprises depuis le début de ma carrière d’enseignant.

Voilà les quelques grandes lignes  de la conférence. Je terminerai en disant que l’on demande aux enseignants de prendre un virage 2.0, mais tant que l’école et son administration scolaire ne prendront pas eux aussi ce virage, l’usage des TIC, des médias sociaux et du web 2.0 resteront des pratiques isolées, pour le grand dam de nos enfants.

Sébastien Stasse

 

 

 

 

Quand les médias sociaux s'invitent à l'école

La semaine dernière, j’ai eu le grand privilège d’être invité à clôturer la rencontre nationale des RECIT pour une conférence sur l’utilisation des médias sociaux à l’école.   Je me suis ainsi retrouvé à Duchesnay un beau mercredi midi devant une centaine de conseillers pédagogiques spécialisés en intégration des TIC. Voici donc les grandes lignes de cette conférence de même que le support visuel qui a servi à appuyer mes propos.

Déroulement de la conférence

Dans un premier temps, un ancien élève de notre école (Marc Dikranian) et une de nos enseignantes (Corinne Gilbert)  sont venus présenter tour à tour des usages des médias sociaux et du web 2.o ainsi que l’impact de cet usage pour le développement des compétences et de l’apprentissage.

Dans la seconde partie, j’ai présenté, du point de vue d’une direction d’établissement scolaire, quatre éléments que je crois essentiels à l’utilisation, à l’intégration et à la mobilisation des médias sociaux ainsi que des TIC à l’école. Le mot vision me parait un peu ésotérique dans le monde actuel où tout change si rapidement … mais disons que ma perception s’est construite au long de mes années d’enseignement, mais surtout lors d’accompagnements de directions et d’enseignants dans des projets d’intégration des technologies vécus dans plusieurs  provinces canadiennes à titre de consultant en nouvelles technologies. J’ai la grande chance aujourd’hui de pouvoir mettre en pratique cette vision, comme direction d’établissement scolaire, avec cependant très peu de moyens financiers. Il m’apparait donc difficile de traiter des médias sociaux et du web 2.0 avec un auditoire sans partager ma vision actuelle … de l’école de l’avenir. Voici donc les 4 éléments.

 1- La culture technologique de l’administration scolaire

Cette culture technologique est à mon avis essentielle pour construire l’école de demain et en est même l’une des conditions essentielles. Cette culture englobe l’usage, la mobilisation et l’intégration des TIC incluant l’utilisation des médias sociaux et des outils du web 2.0 par l’ensemble de l’administration scolaire (direction, direction-adjointe, secrétaire, personnel non-enseignant).

L’utilisation des technologies est encore loin d’être une priorité pour la majorité des enseignants, ainsi que pour les directions d’établissement scolaire. Imaginez alors les outils du web 2.0 ou les médias sociaux.  À titre d’exemple, chez nous, bien que j’ai eu un support inconditionnel de la part de ma direction dans tous les projets d’intégration de la technologie tout au long de ces années, la culture de l’utilisation de cette technologie n’était pas présente au sein de l’administration. Le résultat : 15 années où j’ai pu développer des projets innovateurs sans que les enseignants n’en viennent à changer leurs pratiques et sans qu’il n’y ait vraiment de « contamination » au reste de l’équipe. Il y a bien eu un ou deux enseignants qui ont manifesté de l’intérêt et développé des projets extraordinaires, mais il s’agissait toujours d’un intérêt personnel, non pas d’un projet d’école. Un blogue de classe est une chose intéressante, mais une culture de partage en réseau à l’échelle d’un établissement peut certainement s’avérer nettement plus profitable. Tant que la direction d’un établissement scolaire ne sera pas convaincue de l’importance de ces outils et n’y consacrera pas du temps et de l’énergie, on réagira aux médias sociaux plutôt que d’essayer d’en faire la gestion et d’encadrer leur utilisation.

2 – L’accompagnement des enseignants

L’accompagnement en matière de TIC et des nouveaux outils du web 2.0 doit se rapprocher des caractéristiques des médias sociaux. Les enseignants doivent avoir accès à la technologie 24h/24 7 jours/7, c’est le principe même des médias sociaux. Ils doivent  être accompagnés au quotidien, au moment où ils en ont besoin, une autre caractéristique des médias sociaux : l’instantanéité. Ils doivent pouvoir compter sur des serveurs performants hébergés par l’école ou la commission scolaire afin d’éviter que les données « infonuagiques » des élèves se retrouvent sur des serveurs privés. Si les enseignants ne trouvent pas d’outil assez performant sur le réseau interne scolaire, ils iront le chercher à l’extérieur des établissements scolaires.

Le développement professionnel devient donc aujourd’hui essentiel pour simplement suivre la cadence, surtout en matière d’outil du web 2.0 et de réseaux sociaux. Les éléments suivants sont essentiels :

  • Équiper chaque enseignant d’une machine performante est nécessairement la première étape.
  • Offrir ensuite un support presque quotidien qui répond au niveau de l’enseignant.
  • Privilégier l’accompagnement de l’équipe-école pendant une année complète.
  • Éviter de saupoudrer des formations annuelles où tout est à recommencer l’année suivante et où les mêmes enseignants se représentent souvent avec les mêmes questions.
  • Propulser les champions, supporter les débutants et différencier les formations.
  • Inclure les directions et le personnel ressource lors des formations à caractère TIC.

Songez-y,  quelles formations données aux enseignants ont eu un réel impact sur les élèves ? À ce sujet, j’ai glissé un mot sur le modèle de Guskey (une autre idée de billet de blogue à venir).

Je me propose de vous faire part des 2 autres éléments dans mon prochain billet. En attendant, vous trouverez ici le support visuel qui a servi à appuyer la conférence. La vidéo devrait être disponible sous peu.

Sébastien Stasse

Direction et médias sociaux

Le passage comme directeur remet en question tout un pan de mes habitudes numériques liées, entre autres, à certains médias sociaux que j’utilisais quotidiennement comme enseignant. Voici donc mon premier défi, suite à ma nomination comme directeur d’établissement scolaire.

 

J’ai eu la grande chance d’avoir, pendant 15 ans,  une tâche d’enseignement allant de la 1ère année du primaire jusqu’en 2e secondaire.  Je connais donc tous les élèves de l’école et bien entendu bon nombre d’entre eux font partie de mon réseau Facebook ou Twitter depuis plusieurs années. J’ai pris soin, dès le début, d’ajuster les paramètres de sécurité de Facebook, afin de m’assurer que les informations de mon profil, visibles par mes élèves, étaient extrêmement limitées. Nul doute qu’il s’agissait pour moi d’un outil extraordinaire pour communiquer avec les élèves, autant pour leur rappeler de rapporter une feuille à faire signer que pour leur offrir un support «en ligne» la veille d’une évaluation. Du côté de mon réseau Twitter, il s’agit surtout pour moi d’un outil de veille pédagogique, contenant donc très peu de données personnelles ou sensibles.

 

Depuis plus de 4 ans, j’ai ainsi un grand nombre de mes élèves et de mes anciens élèves qui se retrouvent parmi mes contacts Facebook et jusqu’à présent tout s’était très bien passé.  À peine nommé dans mes nouvelles fonctions de directeur à la fin juin, que je recevais plus de 60 demandes d’amitié Facebook, principalement de la part de mes élèves du primaire … ! J’y ai d’abord vu une belle façon pour eux de souligner ma nomination, mais il m’a fallu une bonne semaine pour évaluer de ce que j’allais faire avec toutes ces demandes.

 

C’est que depuis 2 ans, Facebook a gagné en popularité et les élèves, dès la 3e année du primaire, m’envoyaient régulièrement des demandes d’amitié que j’acceptais, dans les limites de sécurité que j’avais moi-même fixées et dont je vous ai parlé.

 

Une visite des policiers à notre école en mai dernier dans le cadre d’un programme de sensibilisation à la cyberintimidation avait contribué à ma réflexion au sujet de tous ces élèves faisant partie de mes «contacts». En effet, j’y ai appris que l’âge minimum inscrit dans la licence d’utilisation pour s’inscrire au réseau Facebook est de 13 ans. Ainsi, accepter des élèves comme «ami» ou même créer une page de classe en acceptant des enfants qui n’ont pas l’âge requis pour accéder au service me posait tout à coup un problème d’éthique et certainement de congruence avec les valeurs que je souhaite véhiculer. Il y a aussi que pour s’inscrire, un élève n’ayant pas l’âge doit fournir une fausse information et qu’en plus la publicité ciblée de Facebook lui proposera du contenu en lien avec l’âge fictif. D’un autre côté, l’idée de me substituer aux parents qui, à mon avis, sont les mieux placés pour autoriser au non l’abonnement de leur enfant à ce type de réseau, ne m’enchantait guère.

Après une semaine de réflexion, j’ai finalement envoyé un message à tous mes élèves sur Facebook :

 

«Vous êtes tous très gentils 😉 d’être ou de vouloir devenir l’ami de votre directeur, et je me trouve très chanceux de cette marque de confiance, mais je crois que ça pourrait peut-être nous placer parfois dans des situations inconfortables. J’ai beaucoup aimé mon années avec vous, au plaisir de vous revoir l’an prochain 😉 M. Sébastien».

 

Quelques heures après, je supprimais de mes contacts Facebook certains élèves fréquentant l’école, ceux qui n’avaient pas l’âge indiqué dans la licence d’utilisation. Dans un même souffle, je proposais la mise en ligne d’une page d’école Facebook de type « fans » qui ne nécessite pas d’accepter des contacts (évitant ainsi à l’école d’opérer une sélection) mais offre plutôt de devenir un « adepte » de la page en question en cliquant sur le bouton « J’aime ».

La prochaine étape sera de sensibiliser les parents aux conséquences de l’abonnement de leurs enfants sous une fausse date de naissance et bien entendu de les encourager à garder un oeil sur les «amitiés» de leurs enfants. Comme parent, je me fais un devoir de m’asseoir régulièrement avec mon garçon afin d’échanger avec lui sur les nombreux «amis» présents sur son profil.

 

Sébastien Stasse