Liens de conférence AQEP

Voici donc les liens vers les ressources présentées lors de ma conférence au congrès de l’AQEP  en décembre 2012.

Présentation sur slideshare

Le livre numérique : Mirage ou réalité 

Références

Introduction du livre (vidéo)

In Digital Age, Young Americans Keep Reading, In Print and e-Book Forms

Print Is Still the Dominant Format for Canadians, Says New BookNet Canada Study

Association of American Publishers

Comptes Twitter de @gillesherman et @remolino (Clément Laberge)

Entrepôt numérique du Québec

Projet Gutenberg

Bibliothèque et Archives nationales du Québec — BAnQ

Saccades oculaires, lecture en contexte numérique et plaisir de lire (André Roux)

Collège Sainte-Anne de Lachine

Khan Academy

 

iBooks Author

Exemple de SAÉ produite en version iBooks

Livres iBooks à la maternelle

 

 Un orchestre sans partition papier ?

L'édition numérique selon Apple

Et bien c’est fait, Apple a dévoilé ce jeudi un nouveau format de livre numérique en ciblant particulièrement le marché éducationnel. Plusieurs réactions se sont déjà fait entendre, ici et . Voici donc quelques-unes de mes réflexions sur ces annonces.

 

Nouveau format.

Depuis l’arrivée des iPad il y a 2 ans, le rêve du cartable numérique devient tout à coup une réalité. Pour utiliser toute la puissance des tablettes, les manuels numériques ne doivent cependant pas être le simple transfert numérique des manuels papiers actuellement disponibles. Comme je le mentionnais dans un récent billet, les manuels numériques doivent évoluer vers d’autres formats que le PDF qui n’offre que très peu d’interactivité de la part de l’utilisateur. Il faut donc pouvoir disposer d’un format numérique permettant l’interaction avec différentes ressources multimédias, mais offrant aussi la possibilité à l’utilisateur d’en bonifier le contenu. Or avant l’annonce d’Apple, l’un des seuls formats permettant une touche d’interactivité était le format ePub. Outre une interactivité limitée, le principal problème de ce format demeurait le manque de latitude quant à la mise en page. Apple propose donc maintenant un nouveau format : le «.iba», un savant mélange de format ePub 3, de plug-in multimédia et de HTML 5 (la prochaine révision majeure du format de données conçu pour représenter les pages web) (Wikipédia)

Production

Apple propose donc un nouveau logiciel gratuit pour produire ces livres nouveaux genres : le iBooks Author. À l’image de la suite iWork, le logiciel est convivial et d’une simplicité désarmante ! Très intuitif, comportant quelques modèles de base, il permet en quelques cliques de mettre en forme un livre multimédia aux allures professionnelles. À l’image de son nom, Apple met entre les mains de tous la possibilité de devenir auteur.

 

Publication

Les règles entourant la publication de ce format (License) se font connaître peu à peu. Apple semble vouloir réserver exclusivement ce format au iPad puisque seule l’application iBooks 2 sera en mesure de lire le format en question. La diffusion gratuite des «livres» pourra se faire sans restriction par un simple site Web où le livre pourra être téléchargé. Pour les versions payantes, il semblerait que la diffusion ne pourra se faire qu’au travers du iBooks Store d’Apple, le même concept que pour les applications vendues sur le AppStore. Apple garde 30% du produit des ventes, ce qui garanti à l’auteur un cachet de loin supérieur à celui offert par la plupart des maisons d’édition.

 

Et après …

L’arrivée d’un nouveau format était évidemment incontournable pour arriver à introduire une plus grande touche d’interactivité dans le monde de l’édition numérique. J’avoue rester un peu sur ma faim quant à l’interactivité proposée qui, entre autres, exclut totalement les réseaux sociaux, le travail collaboratif et l’ajout de contenu multimédia (enregistrement de la voix ou le dépôt d’une image par le « lecteur »). D’autre part, quelques fonctions, dont l’annotation et le soulignement, étaient déjà présentes dans le format ePub.

Bien entendu, on peut critiquer la façon dont Apple souhaite gérer le format, l’exclusivité pour le iPad et la diffusion du contenu payant, mais au-delà de ces aspects, il n’en demeure pas moins que l’idée d’offrir un support à l’industrie de la publication de livres (incluant les manuels scolaires) est très intéressante et audacieuse. Industrie qui, faute de l’expertise ou de moyens financiers, ne serait probablement jamais arrivée à s’entendre sur un format commun.  Il faut d’ailleurs souligner que depuis l’arrivée des tablettes, l’industrie de l’édition scolaire n’a pas semblé comprendre l’énorme potentiel de ces outils.  Outre quelques initiatives créatives, la réponse de cette industrie a été à l’image d’un effet diligence : transférer en format électronique une partie des ouvrages actuels sans en changer la facture ou le concept.  Apple propose donc un «contenant» susceptible de devenir la norme. Trois grandes maisons de publications ont déjà joint les rangs de ce nouveau format, malgré les règles de partage des revenus imposées par Apple.

Outre les maisons d’édition, le logiciel iBooks Author ouvre la porte à tous les auteurs qui souhaitent produire leur propre matériel de façon simple et rapide, gratuite ou payante. On peut donc aisément imaginer qu’un enseignant ou un professeur d’université produise ses notes de cours à l’aide de iBooks Author et les rendent disponibles à la vente sur le iBooks Store sans aucun autre intermédiaire. Apple devient donc éditeur, de quoi ébranler l’industrie du livre, surtout si on regarde l’immense succès commercial du iTunes Store et du App Store.

Finalement, les élèves déjà habitués à produire des documents ePub se réjouiront des possibilités qu’offre maintenant le logiciel pour la création de livres multimédias numériques.

L’avenir nous dira si des maisons d’éditions d’ici se lanceront dans l’aventure … ce qui est encourageant, c’est qu’on dispose maintenant d’un modèle de support intéressant qui rend le cartable numérique encore un peu plus réel !

 

Sébastien Stasse

À propos des manuels scolaires numériques

En ce début d’année, une intéressante discussion sur Twitter et un événement annoncé par Apple prochainement m’incitent à mettre en mot mes attentes face aux futurs manuels scolaires numériques.

D’entrée de jeu, comme enseignant de sciences, je dois dire que je n’ai jamais été un fervent des livres scolaires et des cahiers d’exercices. Pendant plusieurs de mes années d’enseignement, j’ai eu la chance de faire le pont avec mes élèves de la 1re et la 2e secondaire et donc de cheminer avec eux pendant 2 ans pour atteindre les objectifs fixés par les programmes. Dans ce cadre, j’ai développé l’ensemble de mon matériel pédagogique composé presque exclusivement de projets multidisciplinaires intégrant et mobilisant les nouvelles technologies. Projets que j’ai convertis en SAÉ (situation d’apprentissage et d’évaluation) lors du renouveau pédagogique.

L’an passé, lors du congrès de l’AQUOPS, je me suis donné comme défi d’animer un atelier composé de SAÉ pouvant être réalisées exclusivement sur un iPad. Avec une équipe d’enseignants dynamiques, nous avons mis la main à la pâte afin de concevoir ce type de matériel pédagogique à l’aide du logiciel Pages. Plusieurs de ces SAÉ ont été vécues avec des élèves dans un contexte de classe régulière. Derrière cette idée se cachait la vision du cartable tout numérique pouvant éventuellement contenir du matériel pédagogique incluant à la fois des notions théoriques, des espaces pour conserver les traces des élèves, du contenu interactif et possiblement collaboratif. Bref, on est loin de ce que plusieurs maisons d’éditions de livres scolaires proposent actuellement et qui ne sont parfois que les mêmes contenus papiers qui ont été numérisés (PDF ou ePub). Certaines maisons d’édition proposent des contenus en ligne, mais rien qui correspond vraiment à quelque chose d’innovateur permettant à l’élève d’interagir facilement avec le contenu ou de l’enrichir. Le format ePub offre de belles possibilités, permettant même à des enseignants de produire facilement du matériel de référence ou leurs notes de cours pour les partager avec leurs élèves. Par contre l’utilisateur ne peut rien y ajouter, ni en modifier le contenu.

La popularité des déploiements des tablettes numériques dans les écoles et les nombreux projets d’une tablette par élève devrait donc ouvrir la porte à un autre type de manuel scolaire, plus dynamique s’adaptant même à l’élève. Je me demande par contre si les maisons d’édition partagent cette vision et si elles sont prêtes à revoir le modèle actuel du manuel scolaire ?  Je me demande aussi s’ils disposent de l’expertise pour arriver à innover dans ce secteur ? Reste le financement de ce genre de produit, surtout dans une province comme la nôtre où le marché est restreint. Par contre, des manuels ainsi modifiés et personnalisés par les élèves nécessiteraient un achat annuel, et donc potentiellement une source de revenus récurrents pour les maisons d’édition à l’image des cahiers d’exercices.

Comme je le mentionnais sur Twitter lors d’échanges avec @remolino et @marioasselin, «Je commence à croire que les manuels scolaires numériques seront produits par d’autres entreprises que les maisons d’édition.» D’ici là, nous verrons bien ce qu’Apple présentera, qui aurait dit il y a quelques années qu’ils s’aventureraient dans la musique ou la téléphonie ?  Feront-ils maintenant le saut dans l’élaboration d’outils ou d’interfaces pouvant révolutionner l’interaction  avec les contenus pédagogiques.

À suivre

Sébastien Stasse