Leadership et accompagnement

Ce billet est en fait un raccourci pour les participants à la journée « Enseigner et apprendre avec un iPad » organisée par la compagnie Apple à Montréal le 31 janvier 2012. Vous trouverez ici le lien vers l’exploration (le premier d’une série de 12 billets) réalisée dans notre établissement avant d’étendre l’utilisation des iPad dans notre milieu.

Voici aussi l’atelier présenté en collaboration avec 3 autres enseignants (Stéphane Brousseau, Corinne Gilbert et Alexandre Riopel) au congrès de l’AQUOPS en 2011 présentant des SAÉ pouvant être réalisées entièrement sur iPad.

Finalement, les quelques diapositives de ma présentation « Leadership et accompagnement, la clé pour enseigner et apprendre avec les iPad ».

Sébastien Stasse

À propos des manuels scolaires numériques

En ce début d’année, une intéressante discussion sur Twitter et un événement annoncé par Apple prochainement m’incitent à mettre en mot mes attentes face aux futurs manuels scolaires numériques.

D’entrée de jeu, comme enseignant de sciences, je dois dire que je n’ai jamais été un fervent des livres scolaires et des cahiers d’exercices. Pendant plusieurs de mes années d’enseignement, j’ai eu la chance de faire le pont avec mes élèves de la 1re et la 2e secondaire et donc de cheminer avec eux pendant 2 ans pour atteindre les objectifs fixés par les programmes. Dans ce cadre, j’ai développé l’ensemble de mon matériel pédagogique composé presque exclusivement de projets multidisciplinaires intégrant et mobilisant les nouvelles technologies. Projets que j’ai convertis en SAÉ (situation d’apprentissage et d’évaluation) lors du renouveau pédagogique.

L’an passé, lors du congrès de l’AQUOPS, je me suis donné comme défi d’animer un atelier composé de SAÉ pouvant être réalisées exclusivement sur un iPad. Avec une équipe d’enseignants dynamiques, nous avons mis la main à la pâte afin de concevoir ce type de matériel pédagogique à l’aide du logiciel Pages. Plusieurs de ces SAÉ ont été vécues avec des élèves dans un contexte de classe régulière. Derrière cette idée se cachait la vision du cartable tout numérique pouvant éventuellement contenir du matériel pédagogique incluant à la fois des notions théoriques, des espaces pour conserver les traces des élèves, du contenu interactif et possiblement collaboratif. Bref, on est loin de ce que plusieurs maisons d’éditions de livres scolaires proposent actuellement et qui ne sont parfois que les mêmes contenus papiers qui ont été numérisés (PDF ou ePub). Certaines maisons d’édition proposent des contenus en ligne, mais rien qui correspond vraiment à quelque chose d’innovateur permettant à l’élève d’interagir facilement avec le contenu ou de l’enrichir. Le format ePub offre de belles possibilités, permettant même à des enseignants de produire facilement du matériel de référence ou leurs notes de cours pour les partager avec leurs élèves. Par contre l’utilisateur ne peut rien y ajouter, ni en modifier le contenu.

La popularité des déploiements des tablettes numériques dans les écoles et les nombreux projets d’une tablette par élève devrait donc ouvrir la porte à un autre type de manuel scolaire, plus dynamique s’adaptant même à l’élève. Je me demande par contre si les maisons d’édition partagent cette vision et si elles sont prêtes à revoir le modèle actuel du manuel scolaire ?  Je me demande aussi s’ils disposent de l’expertise pour arriver à innover dans ce secteur ? Reste le financement de ce genre de produit, surtout dans une province comme la nôtre où le marché est restreint. Par contre, des manuels ainsi modifiés et personnalisés par les élèves nécessiteraient un achat annuel, et donc potentiellement une source de revenus récurrents pour les maisons d’édition à l’image des cahiers d’exercices.

Comme je le mentionnais sur Twitter lors d’échanges avec @remolino et @marioasselin, «Je commence à croire que les manuels scolaires numériques seront produits par d’autres entreprises que les maisons d’édition.» D’ici là, nous verrons bien ce qu’Apple présentera, qui aurait dit il y a quelques années qu’ils s’aventureraient dans la musique ou la téléphonie ?  Feront-ils maintenant le saut dans l’élaboration d’outils ou d’interfaces pouvant révolutionner l’interaction  avec les contenus pédagogiques.

À suivre

Sébastien Stasse

Politique de la langue et mesures créatives

L’occasion est belle, à la lecture d’un récent article, indiquant que sera renforcée la politique de la CSDM concernant la langue française, de vous parler d’un projet mis en place dans notre école et dont je suis particulièrement fier. Mais avant tout, une petite mise en contexte.

Une politique de la langue à l’école

Un des éléments de la politique que la CSDM, et qui contient pas moins de 31 moyens d’action, semble vouloir être mis en place en septembre prochain, c’est l’imposition de la langue française partout à l’école.

Voici l’extrait (et malheureusement sans doute le seul) qui a défrayé les manchettes dernièrement :

19- Inscrire dans les codes de vie – ou codes de conduite:

  • 1° l’obligation pour les élèves de communiquer en français en tout temps et en toute occasion avec le personnel de l’école;
  • 2° l’obligation pour les élèves de communiquer en français entre eux, durant les cours, durant les activités culturelles, sportives et sociales organisées par l’école et dans la prestation des services de consultation personnelle.

Sur la page de la politique de la CSDM, on peut lire :

  • Il ne s’agit ni d’imposition, ni de coercition, ni d’obligation bornée. Aucune sanction ne sera imposée aux élèves qui dérogeraient à la règle. Il ne s’agit pas d’une police de la langue. Nous parlons ici de sensibilisation, de promotion.

 

Difficile d’être contre ce genre de mesure, puisque c’est bien en parlant une langue qu’on a les meilleures chances de la maîtriser. D’ailleurs, contrairement à la CSDM, certaines écoles ou collèges sanctionnent déjà les élèves qui s’expriment dans d’autres langues que le français dans les corridors et les cours de récréation de leur institution.

 

Quand le français est peu parlé à la maison

Ceci dit, voici la réalité quotidienne depuis maintenant 41 ans dans le milieu où je travaille. J’oeuvre dans une école arménienne à Montréal où tous les enfants parlent au moins 3 langues. L’anglais et l’arménien demeurent majoritairement les langues parlées à la maison et sont les langues maternelles des enfants … pour le français, c’est la langue «qu’il faut apprendre» à l’école et celle qui est surtout nécessaire pour obtenir un diplôme secondaire. La plupart des parents parlent (ou se débrouillent) en français, mais sont très loin de le maîtriser à l’écrit. Notre défi, comme institution est donc double : faire apprendre une langue qui ne sera pas (ou peu) pratiquée à la maison et assurer le niveau de maîtrise exigé par les programmes du ministère. C’est à cette même réalité que doivent aujourd’hui faire face les écoles de la région de Montréal étant donné que la proportion d’allophones dépasse maintenant celle des francophones.

J’ose dire que notre institution à une longue expérience en la matière, et l’expérience nous montre que pour faire du français la langue d’usage au quotidien il faut deux choses essentielles : arriver à faire aimer la culture francophone et être tenace.

 

180 chansons en 180 jours

Pour arriver à faire aimer la langue, il faut qu’elle soit signifiante pour les élèves et contextualisée. Une chanson récente de Shakira en français est un bel exemple de contextualisation signifiante pour des élèves qui baignent dans la culture anglophone. La musique est donc sans aucun doute un excellent levier pour atteindre l’objectif.

Ce qui m’amène à vous parler de notre extraordinaire projet 180 chansons francophones en 180 jours. Un bon exemple d’action concertée qui a de l’impact auprès des élèves et des parents. Ce projet, vécu l’an passé dans la classe de 6e année de Corinne Gilbert a été étendu cette année à l’ensemble des classes à partir de la maternelle. Le principe est simple : chaque titulaire dispose d’un iPad contenant, entres autre, 180 chansons francophones de 180 artistes différents. Les élèves sont donc en contact quotidien avec une chanson francophone différente qui écoutée dans la classe. C’est donc plus de 540 chansons différentes (180 par cycle) qu’auront écoutées les enfants au terme de leur primaire. De plus, les paroles des chansons ont été regroupées dans un recueil dont chaque élève à une copie. Il s’agit donc d’une écoute active des chansons où les élèves sont en mesure de suivre la mélodie en lisant les paroles. Évidemment, il est facile de voir tout le potentiel au niveau de la compréhension de texte que peuvent offrir les paroles de ces chansons ainsi que le lien avec les artistes de la francophonie.

Au-delà des politiques et des solutions mur-à-mur je crois que c’est en étant créatif et en mettant de l’avant des mesures choisies par le milieu que l’on a le plus de chance d’arriver à faire la promotion du français comme langue d’usage, même en dehors des classes.

Sébastien Stasse