Trois mois plus tard …

J’aime toujours autant mon travail. Notre école se transforme un peu plus tous les jours, je suis témoin de moments extraordinaires et je suis à même de constater la compétence de notre personnel. Après maintenant 3 mois à la direction d’une école, je suis étonné de toutes les prises de conscience que j’ai pu faire. En voici quelques-unes.

1- La gestion de type bottom-up change complètement la culture d’un milieu

Le personnel de l’école n’aura jamais été aussi impliqué, enthousiaste et ouvert à tout ce qui touche l’ensemble du fonctionnement de l’école. Les enseignants n’hésitent pas à venir partager leurs idées et leurs observations pour améliorer certains aspects organisationnels. Ils ont été impliqués dans le choix des orientations de notre projet éducatif et le sont aussi dans le choix des moyens à mettre en place.  Ajustement des surveillances, idée de concours pour le personnel à l’Halloween, implication au niveau de la mise en forme des annexes au bulletin, et bien d’autres éléments qui font de la collaboration l’élément qui c’est le plus amélioré depuis quelques mois.

2- Un bon système d’encadrement des élèves est essentiel

Une des grandes lacunes que j’avais observées au fil des ans, c’est la qualité du suivi des élèves pour l’ensemble des matières. Il était très difficile d’avoir une vue d’ensemble des interventions des différents intervenants, chaque action n’étant pas centralisée pour assurer un suivi global de l’élève. La mise en place d’un code de vie épuré, d’une charte d’utilisation des appareils sans fil et du réseau de même qu’une fiche de comportement permet d’assurer un suivi disciplinaire efficace.  Avec l’amélioration de notre logiciel de gestion scolaire (Symphonie), l’encadrement des élèves est donc plus rigoureux, le suivi auprès des parents plus facile à assurer étant donné que l’on dispose d’un portrait global de l’élève. L’embauche d’une orthopédagogue, le suivi des élèves en difficulté dès la première communication et une implication précoce des parents contribuent aussi au sentiment général que la direction supporte les enseignants pour favoriser les apprentissages des élèves. Ajoutez une surveillance accrue lors des récréations, des activités sportives et étudiantes organisées et les ingrédients sont là pour assurer le succès de l’encadrement des élèves sans tomber dans la répression.

3- La porte ouverte désamorce les crises

Lors de mon embauche, j’ai demandé un réaménagement de mon bureau de façon à ce que l’une des portes soit accessible directement par les enseignants.  J’ai réussi, depuis le début de l’année à garder cette porte ouverte en tout temps, tout en la fermant à quelques reprises pour de courtes périodes lors de rencontres ou de dossiers prioritaires demandant une action rapide. Les enseignants se sentent donc à l’aise de venir faire part de leurs préoccupations et je dois avouer que ça permet de désamorcer bon nombre de situations explosives. Le simple fait d’être continuellement en contact avec la réalité des enseignants permet de garder le pouls quotidien de l’équipe et de favoriser ma gestion. Problème avec des élèves, situations tendues parmi les membres du personnel, échanges avec les parents trouvent parfois rapidement des solutions par le simple fait de pouvoir échanger « sur le vif » sur le sujet . Cette ouverture a un prix … et me demande quelques heures supplémentaires en début et en fin de journée pour arriver à compléter mes dossiers, mais il s’agit d’un investissement rentable qui contribue à créer une culture de coopération et de confiance au sein de l’établissement. Ajoutez des marches quotidiennes dans l’école et dans les cours de récréation et encore une fois on peut sentir le réel pouls de l’école.

4- Mes cours en relation d’aide m’aident tous les jours

L’investissement le plus rentable que j’ai pu faire dans ma vie, et encore plus comme gestionnaire, c’est certainement l’année au Centre en Relation d’Aide de Montréal(CRAM). J’y ai complété le certificat connaissance de soi et de la personne humaine par la relation. Chaque jour j’utilise des éléments de cette formation pour désamorcer des situations, interagir avec le personnel, les parents et les élèves ainsi que pour planifier mes interventions. La connaissance de ce que je suis me permet certainement d’apporter un soin particulier à la qualité et à l’authenticité de mes échanges ainsi qu’à ma capacité d’écoute tout en ayant le recul nécessaire pour questionner mes décisions et mes réactions.

Le tiers de l’année est déjà atteint … jamais je n’aurais pas pu imaginer que le temps passerait aussi vite. Maintenant que l’école a atteint sa vitesse de croisière, l’aspect pédagogique sera le centre de mes préoccupations pour les prochains mois.

Sébastien Stasse

Quand les médias sociaux s'invitent à l'école (suite)

Voici donc les deux derniers éléments présentés lors de la conférence de clôture de la rencontre nationale des RECIT en octobre dernier.  Vous trouverez ici le support visuel qui a servi à appuyer la conférence ainsi que l’enregistrement de la conférence.

3 – Modèle ou technologie à privilégier

La culture technologique n’est pas liée à un type de technologie ou a un modèle d’intégration ou de mobilisation. Elle est liée à l’utilisation d’outils que maîtrisent rapidement les élèves, incluant les médias sociaux.

Cette culture technologique doit aujourd’hui inclure l’utilisation des appareils des élèves et des enseignants, qu’il s’agisse d’ordinateurs ou d’appareils mobiles à l’intérieur de l’école. Il s’agit donc d’éduquer les élèves et les enseignants à l’utilisation de ces technologies et à encadrer l’utilisation de ces appareils. Faut-il privilégier le Mac, le PC, l’iPad, les tablettes, le TBI, le blogue, le microblogue ? S’agit-il d’un modèle d’un élève par ordinateur ou de chariots de portables partagés par plusieurs classes ? À mon avis, l’important est dans l’accompagnement, la formation, l’utilisation quotidienne et dans la pertinence de leur utilisation bien plus que dans le modèle choisi. L’arrivée du « cloud computing » (infonuagique) permet aujourd’hui de travailler en collaboration, via les outils du web 2.0,  de partout dans le monde à partir de n’importe quel type de machine. Ce qu’il faut, c’est utiliser le grand potentiel de ces outils pour supporter la réalisation de situations d’apprentissage. Faire cohabiter plusieurs technologies, utiliser les outils des élèves, encadrer leur utilisation et assurer un accès au réseau de qualité voila à mon avis les autres grands défis de l’école de demain.

4 – La culture de l’établissement

L’administration scolaire se doit d’être créative et doit proposer à l’ensemble de l’équipe-école des modèles d’utilisation de ces nouveaux médias sociaux, particulièrement le web 2.0.

La présence même de l’école sur ces nouveaux médias constitue certainement une indication claire de la direction qu’elle souhaite prendre. Twitter, Facebook, mais aussi les banques de signets, des badges Foursquare, les outils de publication à la WordPress de façon à inclure les parents et la communauté. Rendre le site de l’école interactif, assurer une présence quotidienne en ligne par la participation de plusieurs intervenants à la publication de contenu (direction, secrétaire, comité de parents, enseignants, élèves …).  Bref, utiliser le plus souvent que possible ces technologies dans le fonctionnement même de l’école. La mobilisation de la technologie, l’utilisation des médias sociaux et des outils du web 2.0 sont une affaire de culture d’établissement et non pas simplement l’affaire de quelques enseignants « initiés ».

Conclusion

Voici donc les 4 éléments qui me semblent essentiels pour supporter l’usage des TIC, du Web 2.0 et des médias sociaux à l’école.

    • L’importance de l’engagement de la direction
    • L’accompagnement et la formation répondant aux besoins
    • L’intégration et la mobilisation des outils des apprenants
    • La mobilisation de l’équipe-école autour des TIC

En fin de conférence, j’ai remercié Sonia Sihili, Coordonnatrice du RÉCIT à la direction des ressources didactiques au MELS pour son invitation et sa confiance de même que Marc et Corinne qui ont « mis la table » en présentant leur point de vue d’élève et d’enseignant. J’ai souligné le support d’André Roux, conseiller pédagogique de longue date qui a toujours manifesté beaucoup d’intérêt pour mes projets et ma vision des choses. Finalement, j’ai profité de l’occasion pour remercier les membres du RECIT (autrefois les CEMIS), des conseillers pédagogiques spécialisés en intégration des TIC, qui m’ont fait profiter de leurs ressources à maintes reprises depuis le début de ma carrière d’enseignant.

Voilà les quelques grandes lignes  de la conférence. Je terminerai en disant que l’on demande aux enseignants de prendre un virage 2.0, mais tant que l’école et son administration scolaire ne prendront pas eux aussi ce virage, l’usage des TIC, des médias sociaux et du web 2.0 resteront des pratiques isolées, pour le grand dam de nos enfants.

Sébastien Stasse

 

 

 

 

Quand les médias sociaux s'invitent à l'école

La semaine dernière, j’ai eu le grand privilège d’être invité à clôturer la rencontre nationale des RECIT pour une conférence sur l’utilisation des médias sociaux à l’école.   Je me suis ainsi retrouvé à Duchesnay un beau mercredi midi devant une centaine de conseillers pédagogiques spécialisés en intégration des TIC. Voici donc les grandes lignes de cette conférence de même que le support visuel qui a servi à appuyer mes propos.

Déroulement de la conférence

Dans un premier temps, un ancien élève de notre école (Marc Dikranian) et une de nos enseignantes (Corinne Gilbert)  sont venus présenter tour à tour des usages des médias sociaux et du web 2.o ainsi que l’impact de cet usage pour le développement des compétences et de l’apprentissage.

Dans la seconde partie, j’ai présenté, du point de vue d’une direction d’établissement scolaire, quatre éléments que je crois essentiels à l’utilisation, à l’intégration et à la mobilisation des médias sociaux ainsi que des TIC à l’école. Le mot vision me parait un peu ésotérique dans le monde actuel où tout change si rapidement … mais disons que ma perception s’est construite au long de mes années d’enseignement, mais surtout lors d’accompagnements de directions et d’enseignants dans des projets d’intégration des technologies vécus dans plusieurs  provinces canadiennes à titre de consultant en nouvelles technologies. J’ai la grande chance aujourd’hui de pouvoir mettre en pratique cette vision, comme direction d’établissement scolaire, avec cependant très peu de moyens financiers. Il m’apparait donc difficile de traiter des médias sociaux et du web 2.0 avec un auditoire sans partager ma vision actuelle … de l’école de l’avenir. Voici donc les 4 éléments.

 1- La culture technologique de l’administration scolaire

Cette culture technologique est à mon avis essentielle pour construire l’école de demain et en est même l’une des conditions essentielles. Cette culture englobe l’usage, la mobilisation et l’intégration des TIC incluant l’utilisation des médias sociaux et des outils du web 2.0 par l’ensemble de l’administration scolaire (direction, direction-adjointe, secrétaire, personnel non-enseignant).

L’utilisation des technologies est encore loin d’être une priorité pour la majorité des enseignants, ainsi que pour les directions d’établissement scolaire. Imaginez alors les outils du web 2.0 ou les médias sociaux.  À titre d’exemple, chez nous, bien que j’ai eu un support inconditionnel de la part de ma direction dans tous les projets d’intégration de la technologie tout au long de ces années, la culture de l’utilisation de cette technologie n’était pas présente au sein de l’administration. Le résultat : 15 années où j’ai pu développer des projets innovateurs sans que les enseignants n’en viennent à changer leurs pratiques et sans qu’il n’y ait vraiment de « contamination » au reste de l’équipe. Il y a bien eu un ou deux enseignants qui ont manifesté de l’intérêt et développé des projets extraordinaires, mais il s’agissait toujours d’un intérêt personnel, non pas d’un projet d’école. Un blogue de classe est une chose intéressante, mais une culture de partage en réseau à l’échelle d’un établissement peut certainement s’avérer nettement plus profitable. Tant que la direction d’un établissement scolaire ne sera pas convaincue de l’importance de ces outils et n’y consacrera pas du temps et de l’énergie, on réagira aux médias sociaux plutôt que d’essayer d’en faire la gestion et d’encadrer leur utilisation.

2 – L’accompagnement des enseignants

L’accompagnement en matière de TIC et des nouveaux outils du web 2.0 doit se rapprocher des caractéristiques des médias sociaux. Les enseignants doivent avoir accès à la technologie 24h/24 7 jours/7, c’est le principe même des médias sociaux. Ils doivent  être accompagnés au quotidien, au moment où ils en ont besoin, une autre caractéristique des médias sociaux : l’instantanéité. Ils doivent pouvoir compter sur des serveurs performants hébergés par l’école ou la commission scolaire afin d’éviter que les données « infonuagiques » des élèves se retrouvent sur des serveurs privés. Si les enseignants ne trouvent pas d’outil assez performant sur le réseau interne scolaire, ils iront le chercher à l’extérieur des établissements scolaires.

Le développement professionnel devient donc aujourd’hui essentiel pour simplement suivre la cadence, surtout en matière d’outil du web 2.0 et de réseaux sociaux. Les éléments suivants sont essentiels :

  • Équiper chaque enseignant d’une machine performante est nécessairement la première étape.
  • Offrir ensuite un support presque quotidien qui répond au niveau de l’enseignant.
  • Privilégier l’accompagnement de l’équipe-école pendant une année complète.
  • Éviter de saupoudrer des formations annuelles où tout est à recommencer l’année suivante et où les mêmes enseignants se représentent souvent avec les mêmes questions.
  • Propulser les champions, supporter les débutants et différencier les formations.
  • Inclure les directions et le personnel ressource lors des formations à caractère TIC.

Songez-y,  quelles formations données aux enseignants ont eu un réel impact sur les élèves ? À ce sujet, j’ai glissé un mot sur le modèle de Guskey (une autre idée de billet de blogue à venir).

Je me propose de vous faire part des 2 autres éléments dans mon prochain billet. En attendant, vous trouverez ici le support visuel qui a servi à appuyer la conférence. La vidéo devrait être disponible sous peu.

Sébastien Stasse