Faire rayonner notre institution sur le Web

Voici le document de ma conférence présentée dans le cadre du 5e colloque de la Vie Scolaire organisé par la FEEP.

Faire rayonner notre institution en publiant des projets, des nouvelles et des réalisations de nos élèves tout en y consacrant un minimum de temps et d’énergie sans oublier l’intégration des médias sociaux. Voici l’objectif que nous nous étions fixé il y a maintenant 4 ans et les résultats sont aujourd’hui étonnants. En plus de proposer une image dynamique de notre institution, notre plateforme web gratuite permet aux divers intervenants et aux élèves de participer à la création de contenus par des pages de classe ou d’activité et même de bloguer. Voici un tour d’horizon pratico-pratique du monde de WordPress, avec exemples à l’appui, pour se lancer dans cette aventure !

Fichier de la présentation sur Slideshare : Rayonner

 

Les logos :


 

 

En attendant les réfugiés syriens … accueil et francisation

Notre petite école communautaire arménienne offre un programme d’accueil et de francisation extrêmement efficace à des immigrants et des réfugiés depuis maintenant plus de 6 ans. Les événements dramatiques qui ont eu lieu en Irak et en Syrie, et qui sont d’ailleurs toujours en cours, associés à l’intention du Canada  d’accueillir de nouveaux arrivants dans les prochaines semaines nous incitent à entreprendre  l’ouverture d’une deuxième classe de francisation dans notre établissement.  Voici donc quelques aspects de notre programme ainsi qu’une certaine inquiétude face à l’arrivée prochaine de nouveaux réfugiés au Québec .

Origines du programme

Notre programme a vu le jour lors de l’arrivée d’une vague de réfugiés irakiens d’origine arménienne il y a de ça, plus de 6 ans déjà. L’organisme Hay Doun, oeuvrant dans l’accueil et le parrainage de ces familles, a alors entrepris des démarches auprès de notre établissement quant à la possibilité de recevoir cette clientèle spécifique.

Les deux premières années d’intégration de cette clientèle ont permis d’identifier certains éléments importants et nous ont conduits à revoir notre approche. L’accueil de ces élèves en classe régulière combiné à un accompagnement ponctuel en francisation (un modèle largement répandu au Québec) ne s’est  pas avéré fructueux, côté académique, pour les enfants. D’une part, les enseignants ne disposaient pas de suffisamment de temps, dans une dynamique de grand groupe, pour aider de façon optimale les élèves intégrés. D’autre part, l’apprentissage de la langue française, dans ce contexte, pouvait s’étendre sur une période de plus de 2 ans causant ainsi très souvent des retards importants quant au cheminement scolaire des enfants, les menant, dans certains cas, en adaptation scolaire pour la poursuite de leurs études.

Toutefois, nous avons pu remarquer que la présence de repères culturels liés à la langue arménienne et à la culture offraient aux élèves un environnement propice à une intégration rapide au milieu. De plus, un soutien en langue d’origine était un atout extrêmement précieux autant pour accompagner les enfants dans des services spécialisés que pour assurer une communication efficace auprès des parents. Il restait donc à trouver un modèle assurant la francisation et la réussite des élèves.

 

Les fondations de notre programme

D’un modèle où les enfants étaient intégrés en classe régulière nous sommes passés, il y a 4 ans, à un modèle de classe d’accueil intensive multiniveau et multiâge.

Une enseignante spécialisée dans l’enseignement du français en langue seconde assure l’enseignement et collabore avec une monitrice de langue qui s’occupe des élèves débutant leur apprentissage du français. Une classe à effectif réduit ne dépassant pas 17 élèves, une organisation de classe dynamique favorisant le travail en équipe (tables, tabourets, bureaux) et une présence des technologies informatiques sont les principaux ingrédients assurant le succès de notre nouveau modèle. L’approche personnalisée et graduelle combinée à des ressources humaines adéquates visent à assurer l’intégration des élèves en classe régulière afin d’assurer leur réussite. La majorité des élèves intègre ainsi les classes régulières en moins de 18 mois en classe d’accueil avec un retard d’environ un an sur le cheminement académique régulier.

 

Les clés de réussite

Une enseignante passionnée qui souhaite s’investir et travailler avec cette clientèle est le premier gage du succès de ce type de classe. Il faut assurer une stabilité auprès de cette clientèle pour qu’elle n’ait pas à vivre une situation d’abandon dû au départ de l’adulte signifiant en cours d’année.  L’encadrement et le milieu sécuritaire de l’environnement qui les accueille sont également des éléments importants pour ce type de clientèle qui a souvent vécu dans des conditions difficiles. La possibilité de s’exprimer dans leur langue est un atout important favorisant leur intégration,  la communication avec les parents ainsi qu’avec tous les intervenants. Bon nombre d’études ont confirmé les avantages du maintien des langues d’origine dans le domaine de l’éducation. Il est notamment prouvé que cela aide les élèves à mieux s’adapter sur les plans social, affectif et scolaire à leur arrivée dans le pays hôte (Bhatnagar, 1980) en plus de les aider dans leurs aptitudes scolaires et leur développement cognitif  (Danesi,1983; Swain et Lapkin, 1982; Wells, 1981). De plus, la souplesse de notre programme structuré permet de bien situer le niveau des enfants afin de leur assurer des apprentissages à la mesure de leur capacité. Finalement, l’organisation de la classe doit permettre de facilement passer d’un mode de travail individuel à un mode par équipe ou par atelier.

 

La structure financière

Notre école communautaire reçoit les subventions prévues pour les écoles privées. À ce montant s’ajoute la mesure particulière pour les élèves en francisation. Aucune autre mesure n’est prévue pour le secteur privé alors que le secteur public bénéfice d’au moins trois autres mesures leur permettant d’assurer l’intégration de cette clientèle. Vous comprendrez que ces nouveaux arrivants n’ont pas les moyens de payer les frais habituellement exigés pour la fréquentation d’un établissement privé. À cet égard, la communauté arménienne choisit, depuis le début du programme il y a 6 ans, de se mobiliser afin de combler ce manque à gagner et permettre aux enfants de fréquenter notre institution sans pour autant défrayer les frais de scolarité prévus.

 

En conclusion

Avec l’arrivée à très court terme à Montréal de plus de 600 familles syriennes et de près de 150 enfants entre 5 et 16 ans, notre institution s’interroge sur les ressources financières dont les établissements bénéficieront pour recevoir cette clientèle. En effet, les règles de financement du ministère de l’Éducation du Loisir et du Sport prévoient le versement des montants en fonction du nombre d’élèves inscrits au 30 septembre dans l’institution. Après cette date, aucune somme partielle de cette subvention n’est prévue pour des nouveaux arrivants. L’arrivée de réfugiés ne pouvant donc pas être planifiée avant le 30 septembre, il en résulte un manque à gagner important pour une petite institution comme la nôtre qui choisit d’accueillir cette clientèle, peu importe le moment de leur arrivée.

Notez que notre institution n’a jamais entrepris de démarche dans le passé pour obtenir un financement supplémentaire pour cette clientèle même après la date du 30 septembre. Aujourd’hui, devant le nombre important de nouveaux élèves qui sont attendus prochainement, nous nous questionnons sur le mode de financement actuel, autant pour le secteur privé que public. Les ressources seront-elles suffisantes pour faire face aux besoins de ces nouveaux arrivants ? Nous avons déjà rencontré à ce sujet le ministre Jean-Marc Fournier  et fait une demande de rencontre avec la ministre Christine St-Pierre  afin de sensibiliser les élus à cette problématique.

Souhaitons que le gouvernement donne à l’ensemble du réseau scolaire les moyens de recevoir et de scolariser cette nouvelle clientèle.

Sébastien Stasse

Ajout le 25 septembre 2015

Entrevue avec Alain Gravel de Radio-Canada

 

Entrevue avec Paul Houde au 98,5FM

Article du journal Metro

 

Ajout le 2 février – Ce billet de blogue fait du chemin 😉 dans les médias, mais malheureusement pas du côté des politiciens.

La Presse : Enseigner aux enfants de la guerre

Courrier Bordeaux-Cartierville de Laval : Retrouver la paix au Canada

CBC Radio (anglais) : Les réfugiés syriens

 

CTV (anglais) : Montreal Armenians welcome refugees 

 

Journal 24h et Journal de Montréal : Une seconde chance pour les réfugiés

Une nouvelle source d'influence : les médias sociaux

Lors de la traditionnelle rencontre de début d’année avec mon équipe d’enseignants, j’ai abordé de phénomène de l’été : le Ice Bucket Challenge (IBC). Ma réflexion se portait sur deux aspects de ce « buzz » intimement lié aux médias sociaux : la maladie au centre du phénomène et la preuve que les technologies bouleversent maintenant tous les domaines. Voici donc en quelques lignes les éléments que j’ai partagés avec eux.

 

La SLA

Une maladie qui tue est une maladie de trop. En ce sens, toutes les collectes de fonds visant la recherche médicale, et donc menant éventuellement à vaincre des maladies, sont louables et méritent notre générosité. Selon notre histoire de vie, nous choisirons une cause plutôt qu’une autre. Quand nous-mêmes, l’un de nos proches, un parent ou un ami devenons victimes d’une certaine maladie, nous choisirons sans doute de soutenir la recherche dans ce domaine. La marche contre les cancers féminins en est un exemple, les 24 heures Tremblant pour les maladies infantiles en est un autre. Inutile de vous dire que nous sommes très souvent sollicités pour toutes sortes de causes, que ce soit à la sortie d’une épicerie, au téléphone ou encore par du porte-à-porte. Là où le Ice Bucket Challenge s’illustre, c’est par l’absence de sollication directe de la « société de la SLA » qui récolte l’argent et, dans la majorité des cas, par l’absence de connaissances des donateurs sur la maladie elle-même. C’est phénoménal qu’une cause puisse ainsi engranger des augmentations de 10 à 20 fois plus importantes qu’à pareille date l’année précédente sans publicité directe. Le cœur de ce succès : les médias sociaux et l’effet d’entraînement.

 

Quelques chiffres :

SLA Sclérose latérale amyotrophique, la maladie neurologique causant le plus de décès au Canada. On estime qu’environ 3000 personnes souffrent de cette maladie au Canada (600 au Québec).

Revenus générés au Québec à la fin août 2014 : 1 000 000 $ comparativement à 25 000 $ l’an passé.

Revenus générés aux États-Unis à la fin août : 70 000 000 $ a comparativement à 2 500 000 $ l’an passé.

Plus de 2 000 000 de vidéos personnelles partagées sur YouTube à ce sujet.

Comme le mentionnaient certains journalistes, ces chiffres sont astronomiques en terme de collecte de fonds! En même temps, certains se questionnent sur l’impact possible de cette générosité sur les collectes de fonds visant la lutte à d’autres maladies touchant un plus grand nombre de personnes. Les gens qui ont donné à la SLA donneront-ils pour d’autres causes? Par exemple, on évaluait l’état du financement de la sorte :

En 2013, la SLA a causé la mort de 6849 personnes aux États-Unis et récolté près de 23 000 000 $ pour la recherche. Ce qui porte le montant de don à 3358,15 $ par victime.

Parallèlement, les maladies du cœur ont causé la mort de 596 577 personnes et récoltées près de 54 000 000 $ en dons. Ce qui équivaut à un ratio de 90,52 $ par victime.

Bien qu’il n’y aura jamais trop d’argent pour vaincre une maladie, ces chiffres font tout de même réfléchir sur la grande disparité entre les maladies qui touchent un plus grand nombre de personnes et les dons pour la recherche.

 

Et l’éducation dans tout ça

Cette mise en contexte permet de belles discussions au niveau éthique avec nos élèves et soulève, quant à moi, quelques réflexions et questions intéressantes à l’ère des médias sociaux.

Une telle campagne n’aurait jamais eu autant de succès sans la partie de partage de vidéo et sans le défi lancé par chaque participant contribuant à alimenter le phénomène par lui-même. La force, nous pourrions plutôt parler d’influence, des médias sociaux est donc la clé de ce succès. Dans quelle mesure cette influence pourra-t-elle se manifester de nouveau dans un contexte aussi mobilisateur? On connait déjà les Neknomination qui consistaient au départ à lancer un défi alcoolisé et à en publier la réalisation sous forme de vidéo sur Facebook. Phénomène qui a conduit à quelques excès, dont 5 morts, et qui nous a fait prendre conscience que la pression sociale s’exerçait même de façon virtuelle.

Dans le phénomène du IBC, nous pouvons constater que le défi lancé a dépassé largement ce qu’on pourrait appeler la cause. On pourrait questionner l’aspect « heure de gloire » du défi qui a malheureusement donné lieu a plusieurs dérapages et qui parfois s’approchait du concours de celui qui en fait le plus que l’autre. Le succès est toutefois indéniable, de nombreuses personnalités se sont prêtées au jeu (même si la liste a été effacée de Wikipedia), amenant un peu plus d’eau au moulin du phénomène.

Que nous dit ce « buzz » et quel est donc l’impact possible de ce phénomène sur les enfants? Quel message leur est envoyé? Que direz-vous à vos élèves qui vous demanderont si vous avez relevé le défi?

À mon avis trois constats que nous devrons aborder et tenir compte dans nos institutions.

  1. les médias sociaux arrivent maintenant clairement à influencer de façon massive ses utilisateurs
  2. la pression sociale est de plus en plus présente sur les médias sociaux, elle prend différente forme et est susceptible d’influencer les jeunes
  3. il est incontournable de sensibiliser nos élèves à ces nouveaux phénomènes et à développer leur jugement critique.

Les rentrées scolaires se suivent, mais ne se ressemblent plus…

Sébastien Stasse